« Globalement, les collectivités locales n’ont pas de mal à se financer sur 20 ou 25 ans auprès des banques commerciales, mais parfois, elles ont des besoins sur des durées plus longues, pour financer de très grosses infrastructures », explique Olivier Sittèle, directeur de la Banque des territoires.
C’est là que cette nouvelle institution bancaire, créée en mai 2018, entre en lice. Cette entité de la Caisse des Dépôts et Consignations propose des financements spécifiques : le mobi-prêt, destiné au secteur de la mobilité (ponts, bornes de recharge des véhicules électriques) et l’édu-prêt, destiné aux écoles et bâtiments éducatifs (rénovation, isolation thermique, raccordement au haut débit, sécurité).
En Chiffres
12,8
milliards d’euros de prêts.
C'est ce qu'octroie la Banque des territoires aux collectivités locales (communes, régions et départements) chaque année.
L’institution ne se contente pas de prêter, elle investit. Viaduc de Millau, reproduction à l’identique de la grotte de Lascaux, parcs photovoltaïques ou éoliens…
L’institution ne se contente pas de prêter, elle investit. Viaduc de Millau, reproduction à l’identique de la grotte de Lascaux, parcs photovoltaïques ou éoliens…
L’établissement s’engage dans des projets d’envergure qui contribuent au développement des territoires concernés. La Banque des territoires finance par exemple les réseaux à très haut débit en zone rurale, là où les opérateurs privés n’investissent pas.
Les 3 000 experts de la banque sont là pour conseiller les élus et monter avec eux les projets : sites industriels qui ferment, ports à moderniser, etc.
Le dossier des « cœurs de ville » à revitaliser a notamment donné lieu à la signature de 222 conventions qui vont permettre de rénover des commerces ou des immeubles, améliorer les plans de circulation et globalement relancer l’activité dans les centres-villes désertés.
Dernier volet de son action, cette « banque de l’intérêt général » accorde également des prêts aux organismes HLM, pour la construction de logements sociaux comme pour leur rénovation.
De six euros le forfait pour la petite station iséroise de La Motte-d’Aveillans jusqu’à 63 euros pour le site alpin savoyard des Trois Vallées : le prix d’une descente est très variable en France.
Le tarif moyen du pass journalier, en 2019, est de 30,80 euros. Il s’explique par des charges fixes élevées (30 % pour le personnel) et les investissements importants des domaines skiables.
Le télésiège, service public surprenant
Les 220 stations françaises ont engrangé 1,4 milliard d’euros de recettes lors de la saison hivernale de 2019.
Soumises à la concurrence, elles doivent renouveler et diversifier leurs équipements pour proposer aux skieurs les meilleures infrastructures et les dernières innovations.
Environ 25 % de recettes sont ainsi réinvesties chaque année. Un télésiège débrayable six places coûte entre six et sept millions d’euros !

En France, cas unique au monde, le télésiège est considéré comme un service public de transport, au même titre qu’un tramway, car les domaines skiables sont un élément structurant de développement du territoire.
Ainsi, 56 % des stations sont gérées par des collectivités locales ou des sociétés d’économie mixte. Le solde est délégué aux opérateurs privés.
Éco-mots
Société d’économie mixte (SEM)
Société anonyme dont la majeure partie du capital, plafonnée à 85 %, est la propriété d’entités publiques (État, collectivité territoriale, etc.).
Seuls les sites les plus rentables intéressent les sociétés privées, laissant les plus fragiles à la charge des acteurs publics. Parmi celles-ci, les stations de basse altitude, qui sont davantage impactées par le changement climatique et le manque de neige.
Crise de l’or blanc ?
Sans neige, pas de skieurs, et donc pas de recettes pour les stations. Les canons à neige artificielle se multiplient sur les domaines afin d’allonger la période skiable et de garantir l’équilibre financier.
Ce n’est pas sans incidence pour le consommateur : dans les petites stations, la neige artificielle coûterait jusqu’à 10 % du forfait !
Enfin, l’or blanc affronte un autre défi : un certain désintérêt des usagers, et particulièrement des jeunes. La fréquentation a baissé de 0,6 % sur la dernière décennie, sans toutefois pénaliser les recettes de l’industrie, en hausse de 15 %.
L’explication de ce décalage est sans doute à trouver dans votre portefeuille : le prix moyen du forfait (en euros constants) payé par le consommateur, s’est envolé de 21 % en 10 ans !