L’essentiel
- Nous sommes en 2022 après JC. Avec l’inflation tous les prix semblent s’envoler… Tous ? Non ! Un petit panier d’irréductibles produits résiste encore et toujours aux augmentations : les produits d’hygiène et de beauté.
- En raison des arbitrages des consommateurs face à l’inflation et des changements d’habitudes induits par le télétravail, la demande est en baisse
- La grande distribution en a fait un produit d’appel pour attirer les consommateurs et écouler les stocks
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Remplir son caddie n’a jamais coûté aussi cher. Même si l’inflation tend à se stabiliser, pour le deuxième mois consécutif, elle atteint son plus haut record. Dans ce contexte, le prix des biens et des services augmente. Les produits de grande consommation ont franchi la barre des 12 % d’inflation en septembre dernier.
Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, tous les produits ne voient pas leur prix grimper ! Certains, comme les brosses à dents, le shampoing ou l’adoucissant, par exemple, font de la résistance et… voient même leur prix baisser depuis quelques semaines.
L’essentiel
- Nous sommes en 2022 après JC. Avec l’inflation tous les prix semblent s’envoler… Tous ? Non ! Un petit panier d’irréductibles produits résiste encore et toujours aux augmentations : les produits d’hygiène et de beauté.
- En raison des arbitrages des consommateurs face à l’inflation et des changements d’habitudes induits par le télétravail, la demande est en baisse
- La grande distribution en a fait un produit d’appel pour attirer les consommateurs et écouler les stocks
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Remplir son caddie n’a jamais coûté aussi cher. Même si l’inflation tend à se stabiliser, pour le deuxième mois consécutif, elle atteint son plus haut record. Dans ce contexte, le prix des biens et des services augmente. Les produits de grande consommation ont franchi la barre des 12 % d’inflation en septembre dernier.
Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, tous les produits ne voient pas leur prix grimper ! Certains, comme les brosses à dents, le shampoing ou l’adoucissant, par exemple, font de la résistance et… voient même leur prix baisser depuis quelques semaines.
Une récente étude d’IRI pour le magazine LSA, publiée le mois dernier, plaçait les brosses à dents comme le produit le plus déflationniste sur l’année, au mois de septembre 2022 (-1,65 %) suivi par les assouplissants (-1,48 %), les apéritifs anisés (-1,41 %) et les shampoings (-0,98 %).
Dans un contexte de hausse globale des prix, comment est-il possible que le prix de certains produits - principalement hygiéniques et utilisés quotidiennement - soit à la baisse ? Et pourquoi cela concerne-t-il principalement les produits de droguerie, parfumerie et hygiène (DPH) ? Éléments de réponses.
Un secteur moins touché par l’inflation énergétique
L’inflation n’est pas répartie de manière homogène sur tous les secteurs économiques : il y a des chocs sur certains secteurs, plus violents que sur d’autres. Ainsi, entre la hausse du prix de l’énergie, le coût des matières premières et la situation post-pandémique, le secteur alimentaire a vu ses prix exploser. Par exemple, le prix de l’huile de tournesol a beaucoup augmenté car l’Ukraine en est l’un des producteurs principaux. Comme les coûts de production sont à la hausse et que l’offre se raréfie, les prix augmentent.
Mais les produits d’hygiène sont quant à eux plus épargnés. « C’est un secteur moins énergivore et donc moins touché par la hausse du prix de l’énergie. Les coûts de production n’ont pas augmenté de la même manière. Les produits d’hygiène sont donc logiquement moins touchés par la crise actuelle, décrypte Emmanuelle Auriol, économiste à la Toulouse School of Economics (TSE). Mais il faut bien comprendre que les prix ne sont pas déterminés uniquement par le coût des matières premières. Le prix final est complexe et ne reflète pas que les coûts de production et dépend aussi beaucoup de la structure de marché ».
Structure de marché
Désigne la manière dont les différents participants d’un marché (acheteurs, vendeurs, produits, etc.) interagissent entre eux et influencent les conditions du marché, telles que les prix, la production et la consommation. La structure de marché peut être caractérisée par plusieurs éléments, tels que le nombre de vendeurs, la nature de la concurrence entre eux, le degré de contrôle que les vendeurs ont sur les prix, etc. On distingue généralement quatre structures de marché (la concurrence, le monopole, l’oligopole et la concurrence monopolistique).
Un marché très soumis à la concurrence
Pour attirer les consommateurs, les grandes surfaces font souvent des promotions, « c’est le prix d’appel » rappelle Emmanuelle Auriol. Cette pratique commerciale consiste à attirer la clientèle par l’annonce publicitaire de produits ou de services à bas prix afin de l’inciter à se rendre sur le lieu de distribution.
Or, la loi EGalim, mise en place en 2018, limite à 34 % maximum les promotions sur les produits alimentaires, que ce soit sous la forme d’une baisse du prix ou d’une quantité supplémentaire gratuite. L’objectif principal est de mettre fin à la guerre des prix entre les enseignes et d’ainsi mieux rémunérer les agriculteurs français.
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Toutefois, pour rester attractives et se différencier de la concurrence, les grandes surfaces font des promotions sur le reste, dont les produits d’hygiène. En offrant des prix d’appel attractifs sur ces produits, la grande distribution tenter d’attirer le consommateur.
« Il est très rare de n’acheter qu’un seul produit en faisant ses courses. L’acheteur va donc consommer d’autres produits dans le supermarché. La marge perdue sur les produits d’hygiène est ensuite récupérée sur le prix des autres produits vendus, explique l’économiste. Il faut évidemment que le prix final couvre les coûts de production pour les producteurs sinon ce n’est pas une solution viable sur le long terme mais il y a des secteurs où le consommateur paie parfois jusqu’à 10 fois le prix de revient, notamment dans le secteur des médicaments, à cause des brevets » fait savoir la chercheuse et membre du cercle des Économistes.
Le télétravail entraîne une baisse de la demande
Une autre raison est qu’en augmentant le prix des biens et des services, l’inflation diminue le pouvoir d’achat des ménages français. Selon l’INSEE, en octobre 2022, les dépenses de consommation en biens des ménages en France ont atteint 45,3 milliards d’euros (contre 47,2 milliards en septembre 2021).
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La consommation alimentaire fléchit de 1,4 % et 62 % des catégories de produits d’hygiène beauté sont en baisse à la vente. Selon une enquête Harris Interactive pour le groupe Casino en juin dernier, plus de la moitié des Français priorise ses achats pour rééquilibrer son budget. Et contrairement à l’alimentaire, ce sont des marchandises avec beaucoup de stocks et les dates de péremption sont beaucoup plus longues. Au total, 76 % des catégories hygiène et beauté ont vu leur clientèle se réduire. « Comme la demande est en baisse, les grandes surfaces sont obligées de baisser les prix afin d’écouler les marchandises » souligne Emmanuelle Auriol.
Enfin, dernier responsable : le travail en distanciel ! Les télétravailleurs ont réduit de moitié leurs achats de produits d’hygiène et de beauté par rapport au reste de la population française. Le besoin en déodorant est sans doute moins fort seul à la maison qu’au milieu de l’open space…
Loi de l’offre et la demande
Loi d’évolution de l’offre et de la demande d’un bien en fonction de la variation de son prix. Sur un marché s’affrontent des producteurs (offreurs potentiels) et des demandeurs (acheteurs potentiels). Selon cette loi, lorsque la demande pour un bien ou un service augmente, le prix de ce bien ou service tend à augmenter également, tandis que lorsque l’offre de ce bien ou service augmente, le prix tend à baisser. Ce mécanisme d’ajustement des prix qui permet généralement d’atteindre un équilibre sur le marché, c’est-à-dire un prix qui reflète l’équilibre entre l’offre et la demande pour un bien ou un service.