Label Rouge, AB, AOP, AOC… Ces dernières années, les étiquettes colorées ont fleuri sur de nombreux produits dans nos supermarchés.
À l’origine de leur multiplication, on trouve des producteurs, des industriels de l’agroalimentaire, mais aussi les enseignes de la grande distribution qui recourent à un organisme certificateur afin de faire reconnaître la qualité de leur production.
« Notre rôle est d’attester la conformité à un cahier des charges », explique Jean-Michel Audrain, directeur général de Bureau Veritas Certification France, organisme agréé par l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao). « Si c’est conforme, nous certifions que, suite à un audit, toutes les règles sont bien respectées. Nous allons ensuite suivre l’entreprise certifiée en observant un parcours de contrôle annuel ou biannuel. »
L’Inao, sous l’égide du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, assure la reconnaissance et la protection des signes officiels, les Siqo.
Mais il existe également des labels privés créés par les marques elles-mêmes, – « Engagement qualité Carrefour »’ – ou par des corporations de métier comme le label « Boulanger de France », ces dénominations étant aussi sous le contrôle d’organismes certificateurs.
Comment le consommateur peut-il se renseigner sur les garanties évoquées sur les étiquettes ? « J’invite chaque client à questionner chaque label ainsi que l’acteur économique qui le met en avant », avance Jean-Michel Aubrain. Une démarche bien laborieuse…
Scanner un code-barres
Face à l’exigence de transparence des citoyens, certaines applications tentent de prendre les choses en main. Leur fonctionnement est simple : il suffit de scanner le code-barres d’un produit pour connaître ses qualités et ses défauts.
Avec myLabel (lancé en 2019), par exemple, l’utilisateur est invité à entrer ses propres critères de sélection, selon s’il souhaite que le produit respecte l’environnement, sa santé et/ou ait un impact social limité. Un système de smileys de couleur indique visuellement au consommateur sur l’application si ses objectifs sont remplis.

Quant aux labels, ils se trouvent non seulement inclus dans ces évaluations, mais également explicités. « Nous nous sommes adressés à des tiers de confiance pour les consommateurs : les associations et les ONG », souligne Christophe Hurbin, cofondateur de la start-up.
Ces dernières partagent ainsi avec myLabel des analyses et des recommandations sur les thématiques qui intéressent les utilisateurs de l’application.
« Pour les pesticides, par exemple, nous faisons appel à Bio Consom’acteurs qui décrypte les labels bios, car tous n’ont pas la même exigence vis-à-vis des traces de produits phytosanitaires. Il est difficile pour le consommateur d’aller vérifier ces détails dans chaque cahier des charges », développe l’entrepreneur.
Juge et partie
Du côté des applications, la tentation de créer des labels paraît forte.
La majorité d’entre elles, accessibles gratuitement, fondent leur modèle économique sur l’accompagnement d’industriels de l’agroalimentaire dans la création de produits correspondant aux critères favoris de leurs utilisateurs. Elles sont donc un peu juge et partie.
De fait, l’application ScanUp a par exemple créé « Clean label » : « Cette désignation concerne les projets que nous cocréons avec les industriels. Elle certifie que ces produits sont sans additifs à risques, sans arôme de synthèse ni sucre caché », détaille Adrien Dumitresco, président de la start-up.
Une étiquette de plus, qui n’aidera sans doute pas le consommateur à y voir plus clair.