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L'État doit-il encore s'occuper des affaires de la culture ?
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L'État doit-il encore s'occuper des affaires de la culture ?
Sélection abonnésL'interventionnisme culturel français a été mis en place après la seconde guerre mondiale. A l'heure de la mondialisation, il apparaît comme un rempart. Deux économistes s'accordent sur un point : il faut le réformer. Mais comment ? Françoise Benhamou estime que l'Etat doit continuer à soutenir la culture, à condition de retrouver une vision stratégique. Olivier Babeau, lui, plaide pour une réintroduction de la main invisible sur le marché.
Maxime Hanssen
© pixabay
La culture, une affaire d'état ?

Oui, à condition de retrouver une vision stratégique.
Françoise Benhamou
Économiste de la culture et du numérique, Françoise Benhamou est professeur des universités à l’Université Paris 13 et à Sciences Po Paris. Elle est également membre du Cercle des économistes. Dernier ouvrage paru: Politique culturelle, fin de partie ou nouvelle saison ? (La Documentation française, 2015).
Non, il faut réintroduire la main invisible du marché.
Olivier Babeau
Professeur à l’université de Bordeaux, président fondateur de l’Institut Sapiens, Olivier Babeau est un ancien élève de l’ENS Cachan, diplômé de l’ESCP, agrégé d’économie et docteur en sciences de gestion.
L'avis de Françoise Benhamou : Oui, à condition de retrouver une vision stratégique.
L’intervention de l’État et des collectivités locales dans le domaine culturel est une tradition française. Elle répond notamment à un objectif essentiel : tenter de réduire les inégalités d’accès à la culture, ce que ne permet pas le seul jeu du marché.
Si elle était librement appliquée au secteur culturel, la règle de l’offre et de la demande briderait la création dans la mesure où toutes les activités culturelles ne peuvent pas être rentables. Le spectacle vivant est, par exemple, une activité qui atteint difficilement l’équilibre économique.
Toutefois, l’action des pouvoirs publics est à géométrie variable. Son implication est différente en fonction de la branche. Le théâtre, l’opéra ou encore la danse ont ainsi des besoins forts de financements directs, ce qui se traduit par l’attribution de subventions publiques. Dans d’autres secteurs, le rôle de l’État est moins visible, mais tout de même important.
Si le secteur de l’édition ne reçoit que très peu de subventions directes, l’action étatique –par la voie législative– a permis de développer cette activité à travers la mise en place du prix unique du livre. Cette loi, votée en 1981, a assuré le maintien d’un réseau de librairies sur l’ensemble du territoire, donnant ainsi aux citoyens un accès plus facile au livre et aidant à la sauvegarde de la diversité des fonds proposés au lecteur-acheteur.