- Accueil
- Consommation
- Culture et Sport
Moneyball. Quand la destruction créatrice entre sur le terrain de base-ball
Consommation
Moneyball. Quand la destruction créatrice entre sur le terrain de base-ball
Dans Le Stratège (2011), inspiré d’une histoire vraie, le directeur sportif d’une équipe sans gros moyens change radicalement sa méthode de recrutement. Fini les analyses visuelles à l’ancienne, place aux statistiques. Et ça ne plaît pas à tout le monde.
Clément Rouget
© DR
« Attention, sa copine est moche. Ça veut dire que c’est un joueur qui n’a pas confiance en lui » ; « Perez c’est mieux, il a une attitude, il dégage de la confiance. Pop ! Le son est bon quand il batte, il faut le recruter. » C’en est trop pour Billy Beane (Brad Pitt), directeur sportif du petit club de base-ball des Athletics d’Oakland. Excédé par le discours des recruteurs, il lève les yeux au ciel et s’écrie : « Bla bla bla, vous ne faites que baratiner. S’il batte si bien que ça, pourquoi les chiffres montrent le contraire ? ». Sa décision est prise : pour rivaliser avec des équipes cinq fois plus riches, il faut une nouvelle méthode de travail, ou alors on revivra chaque année les mêmes défaites frustrantes. Fini le recrutement à l’ancienne, place à l’analyse statistique.
Pour faire sa révolution, Beane recrute un diplômé de Yale, Peter Brand (Jonah Hill). Séduit par l’esprit innovant du coach, le jeune économiste lui explique : « Ce que je vois dans les chiffres, c’est une compréhension défaillante du jeu de la part des dirigeants de la Major League Baseball (MLB). Cela les conduit à mal juger leurs joueurs et à mal gérer leur budget. Par exemple, les Red Sox de Boston voient en Johnny Damon une star énorme qui vaut sept millions et demi de dollars par an. Moi, quand je regarde ses statistiques… je vois un bon joueur, c’est tout. Vaut-il autant ? Bien sûr que non ! ».
Lire aussi > Quand le sport utilise l'IA et les data pour repérer les graines de champions
S’adapter ou mourir
Peu à peu, le club adopte cette nouvelle façon de recruter. Non sans remous dans une organisation immobile depuis 30 ans. « On ne monte pas une équipe avec un ordinateur !, s’énerve un des recruteurs. Les ordinateurs n’ont ni notre expérience, ni notre intuition. Billy, dans cette salle, tu as un gamin avec un diplôme d’économie face à des scouts et leurs 30 ans d’expérience, tu écoutes la mauvaise personne ! ».
La réponse de Bean est sans appel : « Adapte-toi ou meurs. » Après des débuts chaotiques, le temps que tout le monde assimile les nouvelles méthodes, les victoires commencent à s’accumuler, à la surprise générale. Et l’exploit ne passe pas inaperçu dans le reste de la ligue.
Le président des Boston Red Sox tente même de recruter Billy Beane et lui glisse : « Le premier gars qui sort des sentiers battus, il prend toujours des coups. C’est logique. À chaque fois qu’il y a une disruption sur un marché, les gens mettent le pied sur le frein et deviennent fous parce qu’ils craignent pour leur job. Vous, Billy, vous avez gagné le même nombre de matchs que les Yankees. Seulement, ils ont dépensé 1,4 million de dollars par victoire et vous 250 000. La réalité, c’est que si un dirigeant de base-ball ne restructure pas son équipe selon vos principes, c’est un dinosaure et il connaîtra la même fin. » Même au base-ball, Schumpeter gagne…
Lire aussi > [Fiche] Joseph Schumpeter et la destruction créatrice