1. Faire du shopping ou faire soi-même ?
Une baguette vaut moins d’un euro dans les boulangeries françaises. Pourtant, pendant le confinement, certains ont décidé de passer plusieurs jours à fabriquer leur propre levain, plutôt que d’aller acheter leur pain.
Exprimé en production à l’heure, ce choix n’était pas rationnel. Alors qu’elles étaient ouvertes, les boulangeries auraient perdu 50 % de leur chiffre d’affaires, selon le président de la confédération nationale du secteur. Une fois déconfinés, les néo-boulangers ont retrouvé le chemin des boulangeries.
Parce que le temps recommence à manquer, chacun “abandonne la production domestique” et la délègue aux professionnels, moyennant finance.
“La responsabilité ultime reste à celui qui a délégué son pouvoir”, analysait en 2010 l’entrepreneur Pierre Lecocq dans un article quasi-philosophique sur le risque. “Avec la subsidiarité, la responsabilité est pleinement transmise au niveau subalterne qui peut l’exercer librement.” Cette liberté peut entraîner une perte de qualité.
1. Faire du shopping ou faire soi-même ?
Une baguette vaut moins d’un euro dans les boulangeries françaises. Pourtant, pendant le confinement, certains ont décidé de passer plusieurs jours à fabriquer leur propre levain, plutôt que d’aller acheter leur pain.
Exprimé en production à l’heure, ce choix n’était pas rationnel. Alors qu’elles étaient ouvertes, les boulangeries auraient perdu 50 % de leur chiffre d’affaires, selon le président de la confédération nationale du secteur. Une fois déconfinés, les néo-boulangers ont retrouvé le chemin des boulangeries.
Parce que le temps recommence à manquer, chacun “abandonne la production domestique” et la délègue aux professionnels, moyennant finance.
“La responsabilité ultime reste à celui qui a délégué son pouvoir”, analysait en 2010 l’entrepreneur Pierre Lecocq dans un article quasi-philosophique sur le risque. “Avec la subsidiarité, la responsabilité est pleinement transmise au niveau subalterne qui peut l’exercer librement.” Cette liberté peut entraîner une perte de qualité.
Par exemple, déléguer la confection de vêtement coûte beaucoup moins cher que de le faire soi-même. Comptez entre 15 et 40 euros de matière première et minimum deux heures de confection pour un haut home made, une fois les compétences de couture acquises.
Quand les amateurs se lancent, c’est pour que les vêtements “tombent mieux” avec “des tissus de qualité”, mais aussi parce qu’ils avaient envie de “faire avec les mains”, “de se vider la tête”.
2. Transports interminables
Avant le confinement, les déplacements entre travail et domicile occupaient entre 21 minutes et 44 minutes par jour pour les Français. Cette parenthèse a permis aux 33 % de la population en télétravail de se réapproprier ce laps de temps.
Contrairement aux idées reçues, “les jeunes sont les plus désireux de moins se déplacer, de ralentir, d’occuper leur temps différemment, de se rapprocher des leurs et de vivre dans un cadre de vie en contact avec la nature”. Les personnes interrogées par le think tank Forum Vies Mobiles accueilleraient favorablement un rationnement des déplacements post-confinement notamment pour des raisons environnementales, “à condition que cette limitation soit équitable et ne permette pas aux plus aisés d’y déroger”.
En Chiffres
52 minutes
Pour booster sa productivité, il ne faut rien faire pendant 17 minutes...toutes les 52 minutes.
3. Ne rien faire pendant 17 minutes
Les déplacements ont l’avantage de marquer une césure entre vie pro et vie perso. Combien coûte cette soupape de décompression ? Le cerveau a besoin de pauses. Le magazine Forbes faisait en 2017 cette recommandation pour booster sa productivité : toutes les 52 minutes, ne rien faire pendant 17 minutes.
Ce temps "perdu" serait en réalité un investissement vertueux. Les conséquences de l’ennui sur les comportements économiques sont très peu étudiées mais Jaime Gómez-Ramirez, du Centre de recherche en maladies neurodégénératives de la fondation madrilène Reina Sofía, y voit un lien avec la prise de risque économique : “Les humains essayent toujours de prédire le mieux possible, mais du coup, nous nous ennuyons, car nous sommes en overdose de prédiction. Si nous faisons toujours ce qui est sûr et garanti, par exemple investir sur des produits à 1 % de rendement, nous perdons la possibilité de rendements plus élevés. Alors qu’il suffirait de prendre le risque. L’ennui nous pousse à prendre des risques et à explorer, c’est-à-dire à être humain.”
4. Le temps libre, une valeur variable
“Il n’est pas absurde de chercher à réduire les risques en acceptant de gagner peu, mais régulièrement, plutôt que beaucoup de manière aléatoire”, explique François Gardes, économiste à l’université Paris I, mais ces choix sont souvent contraints”, poursuit cet expert du temps économique.
L’Insee, dans sa dernière enquête "Emploi du temps", marque ces distinctions : “L’organisation du travail oppose les indépendants et les cadres, qui ont des semaines longues, aux ouvriers et employés, qui ont des horaires fortement contraints." Un rapport au temps et à l’argent modifié, qui a des incidences sur l’occupation du temps libre, selon François Gardes : “En moyenne, les ménages les plus pauvres compensent une partie de leurs contraintes financières par des dépenses en temps” et disposent in fine de moins de temps libre. “Il n’existe pas de combinaison optimale, valable pour tous, entre-temps de travail et temps domestique, car le temps libre n’a pas la même valeur pour tout le monde.”
Par exemple, les parents “sont moins sensibles à une augmentation de salaire horaire que les autres ménages” continue l’économiste “parce qu’une part de leur temps est dédiée à leurs enfants”. Alors que les salariés entre 25 et 35 ans privilégient désormais l’épanouissement au travail (42 %), plutôt que le salaire (40 %) et en dernier lieu, l’équilibre entre-temps libre et gagne-pain (19 %).