Pop Éco : Quand Pour l'Éco décrypte par la pop culture un sujet économique. Ici la pratique professionnel du sport et les risques sur la santé.
« Quand un soldat s’engage dans l’armée, il sait qu’il peut être blessé ou tué. Quand un joueur de football américain démarre sa carrière, il sait qu’il peut se casser un bras ou une jambe, mais il ne sait pas qu’il peut perdre la tête. Sa famille. Son argent. Sa vie. »
Dans Seul contre tous, le discours du docteur Bennet Omalu (Will Smith), devant la National Football League, va droit au but. Il a découvert, il y a quelques années, que la pratique de ce sport violent avait des conséquences neurologiques funestes.
En autopsiant le cerveau de Mike Webster, ex-star des Steelers de Pittsburgh et quatre fois vainqueur du Superbowl, il s’aperçoit que les dizaines de milliers de chocs à la tête subis par le joueur durant sa carrière sont à l’origine de sa démence précoce et de son décès, à 50 ans.
À lire : Plaidoyer pour une « responsabilité sportive des États »
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« Quand un soldat s’engage dans l’armée, il sait qu’il peut être blessé ou tué. Quand un joueur de football américain démarre sa carrière, il sait qu’il peut se casser un bras ou une jambe, mais il ne sait pas qu’il peut perdre la tête. Sa famille. Son argent. Sa vie. »
Dans Seul contre tous, le discours du docteur Bennet Omalu (Will Smith), devant la National Football League, va droit au but. Il a découvert, il y a quelques années, que la pratique de ce sport violent avait des conséquences neurologiques funestes.
En autopsiant le cerveau de Mike Webster, ex-star des Steelers de Pittsburgh et quatre fois vainqueur du Superbowl, il s’aperçoit que les dizaines de milliers de chocs à la tête subis par le joueur durant sa carrière sont à l’origine de sa démence précoce et de son décès, à 50 ans.
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Science contre passion
« L’homme ne possède aucun organe pour le protéger de chocs à la tête. L’être humain subit une commotion cérébrale à partir d’une accélération à 60 G [accélération de la gravité, NDLR]. Un choc moyen, tête contre tête, en football américain, c’est 100 G », explique le médecin à des confrères sidérés.
Le neurologue nigérian se retrouve malgré lui en guerre contre l’une des plus puissantes organisations sportives du monde, alors qu’il n’a jamais vu un match de football américain. Il pensait naïvement que sa percée scientifique serait saluée par la ligue concernée.
Les preuves scientifiques sont irréfutables, mais difficiles à accepter. Même le fait de convaincre des médecins reconnus n’est pas tâche aisée.
« Je déteste votre présentation, lui répond Steven T. DeKosky (Eddie Marsan), l’un des plus éminents neurologues du pays, le regard perdu vers le stade de la ville. Mais comme scientifique, je ne peux pas nier vos preuves. »
D’autres réactions sont plus violentes. Des inconnus injurieux appellent à son domicile. « Vous voulez « vaginiser » ce pays et le football ? Dégagez ou ce sera bientôt votre autopsie qu’ils feront. »
Décès et suicides
Le supérieur de Bennet Omalu, qui le soutient pourtant, affiche son scepticisme quant à la réussite de l'entreprise : « La NFL possède un jour de la semaine des Américains, comme l’Église auparavant. Vous pensiez vraiment qu’ils allaient vous dire merci ? La ville de Pittsburgh a construit un stade à 233 millions de dollars pour leurs glorieux Steelers pendant qu’ils augmentaient les impôts et fermaient des écoles. Ces gens-là ne veulent pas voir le monde changer. »
La NFL, forte de ses dizaines de millions de fans et de téléspectateurs, nie en bloc les travaux du médecin et le dénigre dans la presse. « Le football, c’est des centaines de milliers d’emplois. Et vous voulez mettre fin à ça ? », lui assène le docteur Elliot Pellman (Paul Reiser).
Ce rhumatologue controversé, ancien responsable du « comité » des lésions cérébrales de la NFL, nie les conséquences des commotions. « Si 10 % des mères décident que le football est trop dangereux pour la santé de leurs fils, c’est la fin de ce sport. » Une série de décès et de suicides d’athlètes, des années après leur retraite sportive, va finalement faire bouger les lignes.
Le Congrès s’empare de la question, une parlementaire comparant le déni de la NFL à celui de l’industrie du tabac. Un audit indépendant est finalement commandé, avec ce résultat sans appel : 28 % des joueurs connaîtront un jour de graves problèmes cognitifs.
Making-of
Les recherches du docteur Omalu sur l’Encéphalopathie chronique traumatique (ETC), dont témoigne Seul contre tous (2015), ont conduit des milliers d’anciens joueurs à lancer une action collective contre la NFL, l’obligeant à reconnaître les liens entre pratique du sport et ETC, à renforcer ses mesures et promettre un milliard de dollars de dédommagement. Des actions similaires commencent à être menées dans le rugby.