« L’économie ne m’a jamais passionnée. J’ai décroché un bac S option Maths, j’ai fait une école d’ingénieurs en biologie, spécialité Nutrition et agroalimentaire. Je voulais travailler dans la Recherche et développement (R & D).
Au cours de mes stages, j’ai rapidement été confrontée à la réalité de l’entreprise, avec le stress et les contraintes que cela impose. Je ne me suis pas sentie à ma place. Quand on est dans un circuit éducatif classique, la possibilité de créer une entreprise, on ne nous en parle même pas. Mais moi, dès que j’ai eu l’opportunité d’être à mon compte, je l’ai saisie. »
Même ma mère m’a conseillé de chercher un job
« J’ai toujours été très active sur les réseaux sociaux, j’ai profité d’une période de chômage après mes études pour me lancer. Les gens s’imaginent souvent que YouTube et Instagram, c’est facile. Eh bien, c’est faux. J’ai ramé. Personne n’y croyait. Même ma mère me conseillait de chercher un travail. Je ne touchais même pas le SMIC à l’époque, mais vu que je partais de zéro, c’était déjà super. Le succès a mis du temps à arriver.
Dix ans pour faire décoller une carrière, ce n’est pas très rapide. Aujourd’hui, oui, je suis influenceuse, créatrice de contenus, mais surtout, je dirige une entreprise. J’adore toujours autant tourner des vidéos de sport, mais 90 % de mon temps, je le passe à manager des équipes pour être certaine que la ligne éditoriale du projet est bien respectée. »

Faut que ça tourne !
« Combien je vaux ? Au début, en négociant avec les sponsors, je n’avais pas forcément conscience de ma valeur. Je ne me rendais pas compte à quel point, pour certaines marques, la visibilité sur YouTube vaut de l’or. C’est bien plus puissant et rentable qu’un spot télé. Je me sous-estimais. C’est fini. Comme pour tout le reste, j’ai dû apprendre. Les gens en face de moi ne s’embarrassaient pas de scrupules, j’ai donc dû me défendre.
Il y a deux ans, j’ai créé mon application de programmes sportifs, TrainSweatEat (TSE). Ça me permet de vivre complètement de mon activité. Je ne dépends plus de YouTube ni des marques. En incluant les salariés et les prestataires, on est une trentaine dans l’équipe. Quand autant de personnes comptent sur toi, tu ne fais pas ce que tu veux. Faut que ça tourne ! Mais je me sens totalement indépendante et ça, ça n’a pas de prix. Cela dit, comme tous les entrepreneurs, je me lève, je mange, je me couche en pensant à mon projet. »
Se lancer à perte avant de gagner
« Pour moi, l’économie, c’est donner avant de recevoir. Investir avant de gagner. Sur YouTube, il y a 10 ans, j’étais archaïque : deux vidéos par semaine tournées avec le vieil appareil compact de mon père posé sur un livre d’école, sans montage, sans rémunération, pour quelques centaines d’abonnés. Dès que j’ai pu, j’ai investi dans du matériel pro pour proposer des contenus de qualité.
D’abord une caméra, puis les micros, les lumières. Ce sont les premiers sponsors qui m’ont permis de faire ces achats. C’est entré dans les mœurs maintenant, mais à l’époque, c’était vraiment mal vu. Nous, les influenceurs, on passait pour des vendus. »