Combien ça coûte un abonnement à Deezer ?

Apparu il y a une quinzaine d’années, le streaming musical s’impose comme la principale forme d’écoute dans le monde. Il représente 65 % des revenus de la musique, soit 16,9 milliards des 25,9 milliards de dollars générés en 2021, selon le rapport 2022 de la Fédération internationale de l’industrie phonographique.

Sur ce marché en plein boom, la France dispose de son petit champion, Deezer. Fondée en 2007, la plateforme tricolore compte aujourd’hui 9,4 millions d’abonnés – le leader du marché Spotify en compte 188 millions – et vient de faire son entrée en Bourse cet été.

10,99 euros par mois

Cette offre de la plateforme française permet d’écouter de manière illimitée et sans pub l’ensemble de son contenu.

Sur ce montant, la TVA représente 20 %, soit 2,2 euros par abonnement. Il s’agit du taux normal qui s’applique pour l’industrie du disque. Sur les 8,8 euros restants, Deezer reverse 70 % aux ayants droit, soit 6,1 euros.

« On ne paie pas directement les artistes. Ils ont eux-mêmes des contrats avec leur éditeur de musique [qui promeut les œuvres de l’auteur-compositeur, NDLR], ou leur label [qui les produit et les exploite, NDLR], dont les montants sont confidentiels », explique Ludovic Pouilly, vice-président en charge des relations institutionnelles et de l’industrie musicale. 

En comparaison, « cette part reversée aux ayants droit représente 7 % du chiffre d’affaires des radios », explique-t-il, et elle est répartie entre les éditeurs (80 %) et les labels (20 %).

Pot commun

Le système de rémunération des artistes est fait de telle sorte qu’un abonné peut rémunérer des artistes qu’il n’a jamais écoutés.

Par exemple, deux abonnés à 10,99 euros vont reverser ces sommes dans un « pot commun » (22 euros), qui servira ensuite à rémunérer les artistes en fonction des streams totaux effectués. Or si l’un des deux abonnés a été plus actif (90 streams) que l’autre (10 streams), il va favoriser « ses » artistes, puisque 90 % du pot commun leur seront reversés (19,8 euros) contre 10 % seulement (2,2 euros) pour les artistes écoutés par l’autre abonné.

 Un mode de répartition des royalties peu équitable que Deezer veut modifier en supprimant purement et simplement ce pot commun.

Enfin, les 30 % restants des revenus de la plateforme (2,70 euros) servent à financer le service (salariés, locaux, marketing et R & D). « Nos services ne gagnent pas d’argent aujourd’hui », dit Ludovic Pouilly.

Comme la plupart de ces plateformes de streaming musical, apparues il y a moins de 20 ans, Deezer n’est pas rentable. La société vise l’équilibre pour 2025. Au premier semestre 2022, Deezer a perdu 51,9 millions d’euros. La société ne paie donc pas d’impôt sur les bénéfices.