Economie
Ukraine, énergie, salaires... Combien ça coûte, une pomme aujourd'hui ?
Sur le prix payé en supermarché, la part la plus importante revient au distributeur, tandis que les producteurs de pommes doivent faire face à une forte hausse de leurs coûts.
Emilie Coste
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Les Français sont de gros mangeurs de pommes. Ils en consomment en moyenne 16,6 kilos par habitant et par an. Selon le ministère de l’Agriculture, 1,5 million de tonnes ont été produites en France en 2019. Plus de la moitié sont logiquement destinées à la consommation nationale, tandis que 31 % vont à l’exportation et le reste à la transformation (compotes etc.) 1.
Sur les rayons de nos supermarchés, la pomme coûte en moyenne 2,07 euros le kilo2. « Le distributeur en récupère environ 1,23 centime d’euro, tandis que la part du producteur va être de 0,30 centime d’euro », explique Pierre Venteau, directeur de l’Association nationale pommes poires (ANPP). Un taux de TVA réduit de 5,5 % s’applique pour les produits alimentaires destinés à l’alimentation humaine, soit 2 centimes d’euro environ. Le 0,52 centime d’euro restant servira à financer les « frais de station », généralement à la charge des producteurs. Ce sont les coûts liés au conditionnement de la pomme, une fois sortie du verger : transport, stockage à froid, calibrage, conditionnement, mise en palette, etc.
Mais pour les producteurs, le compte n’y est plus. Ces deux dernières années, la filière arboricole a subi de plein fouet la hausse des prix de l’énergie, liée à la guerre en Ukraine, les conséquences du changement climatique et celles la crise sanitaire du Covid-19, qui ont conduit à une augmentation des coûts de production. Ils sont « de 0,50 centime d’euro aujourd’hui » détaille Pierre Venteau, sans que la rémunération des producteurs n’ait été revalorisée. Les frais de gestion, qui représentaient 24 % de leurs charges en 2020, sont en forte hausse. Il s’agit essentiellement des factures d’énergie, d’eau et d’irrigation, des impôts et des taxes, des cotisations professionnelles ou encore des assurances.
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Masse salariale
Sans surprise, le pôle de dépense le plus important pour un producteur reste la masse salariale, selon les derniers chiffres observés par l’ANPP en 2020. La main-d’œuvre salariée représente 34 %, à laquelle s’ajoute la main-d’œuvre familiale, c’est-à-dire l’exploitant et ses associés, pour 8 %.
Le producteur de pommes a aussi des frais liés au matériel et au bâtiment (entretien, amortissement, carburants, etc.), soit 17 % de ses charges totales. Enfin, 17 % correspondent aux approvisionnements, dont plus de la moitié en produits phytosanitaires, mais aussi en engrais ou en emballages. « Aujourd’hui, il n’y a plus de bénéfices pour les producteurs, là où en 2020, nous arrivions encore à dégager autour de 10 % de marge. On n’y arrive plus », déplore le directeur de l’association de défense des intérêts des producteurs. D’où leur revendication : que le prix du kilo de pomme soit revalorisé de 20 centimes d’euro pour, au moins, couvrir leurs charges.
1. Chiffres de l’ANPP.
2. Données Kantar 2022.
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