Dans les années 50, Raymond Joseph part en vacances aux États-Unis. Là-bas, il découvre une invention qu’il trouve formidable, le supermarché, et surtout l’accessoire indispensable pour faire ses courses dans une grande surface : le chariot.
Il revient en Alsace avec une obsession : fabriquer des chariots de supermarché comme en Amérique. Et il a raison.
Quelques années plus tard, les grandes surfaces débarquent en France. Lui qui avait déjà fondé, en 1928, Les Ateliers Réunis, fabricant de mangeoires pour poussins et d’articles de ménage en fil métallique, il dépose la marque Caddie en 1957, en France, puis dans plus de 75 pays.
La manufacture de Schiltigheim équipe le premier supermarché de France, à Rueil-Malmaison, et devient le partenaire numéro un du secteur. Raymond Joseph commence à vendre ses chariots en fil d’acier à toutes les grandes surfaces.
Les années de succès
Au fondement du triomphe du Caddie, l’esprit pionnier de l’invention. Le chariot est apprécié parce qu’il permet de transporter plus de provisions qu’avec un sac de courses et, surtout, en se fatiguant moins.
L’entreprise Caddie devient un acteur incontournable de la grande distribution et s’impose pendant des années comme le leader du chariot de supermarché.
Il s’exporte dans 120 pays. Le chiffre d’affaires dépasse les 110 millions d’euros pour un effectif de plus de 1 000 salariés dans le monde.
Quand l'innovation cesse, le déclin
Mais Caddie s’est endormie sur ses lauriers. À la mort de son fondateur, en 1984, c’est sa fille Alice Deppen-Joseph, qui prend la tête de l’entreprise. Elle n’est pas préparée et veut rester fidèle à l’esprit de son père alors que le monde change.
Très vite, les difficultés s’accumulent. Caddie cesse d’innover face à un concurrent, l’Allemand Wazl, qui propose un chariot en plastique. Faute d’investissements adéquats, l’outil industriel entre en obsolescence et l’offre apparaît incomplète, inadaptée.
En mal de gains de productivité, les marges sont rognées par des coûts de production élevés, d’autant que les magasins veulent payer leurs chariots moins cher. Le plan de restructuration finit par arriver, mais il est long et coûteux.
Après plusieurs années dans le rouge, l’entreprise familiale est mise une première fois en redressement judiciaire le 5 mars 2012. Malgré le soutien financier de Bpifrance, elle est reprise par le groupe Altia, qui procède à une double augmentation de capital pour apporter de la trésorerie à l’entreprise, réduit le personnel et ferme le site historique de Schiltigheim.
Mais le groupe, constitué à la suite d’un rachat d’entreprises de l’industrie automobile, fait faillite en 2014 et est démantelé.
L'innovation permet le rebond
Un nouveau plan de reprise est proposé par Stéphane Dedieu, ancien directeur commercial de Caddie. C’est le retour en grâce de l’entreprise. Le nouveau patron, apprécié des salariés et des clients pour sa crédibilité et son intégrité, obtient des sacrifices, en particulier des réductions d’effectifs.
Il relance l’innovation sur un axe porteur : un chariot plus ergonomique et plus silencieux. Dans le sillage des supermarchés, il repart à l’assaut des marchés étrangers et, pour se renforcer, ouvre le capital à des partenaires européens industriels du secteur, ce qui lui permet, au lieu de se battre sur les prix, de lancer de nouveaux produits à forte valeur ajoutée, des chariots pour les hôpitaux, les aéroports ou les hôtels.
Des caddies du supermarché Auchan à Angoulême