L’eau file. À peine sortie du pommeau de la douche, elle atterrit sur la chevelure, attrape la mousse du shampoing, continue sa course sur le corps, s’accroche à quelques grains de sable et de sel, souvenirs d’une journée passée à la plage, et repart dans les tuyaux.
Dans les longs tunnels obscurs qui la mènent jusqu’à la station d’épuration, elle croise d’autres eaux usées, celles des machines à laver, voilées de lessive, et celles crachées par les industries, notamment. Parfois, la pluie se joint à la cohue.
« L’été, dans certaines stations balnéaires et certains sites touristiques de montagne, la population est multipliée par 10. Quelques semaines avant le début des vacances, les équipes techniques des stations de traitement des eaux usées ont adapté les traitements biologiques – les bactéries ont besoin d’un temps d’acclimatation – et mis en route des réacteurs supplémentaires », décrit Julien Laurent, enseignant-chercheur en traitement des eaux usées à l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Starsbourg (Engees).
L’eau file. À peine sortie du pommeau de la douche, elle atterrit sur la chevelure, attrape la mousse du shampoing, continue sa course sur le corps, s’accroche à quelques grains de sable et de sel, souvenirs d’une journée passée à la plage, et repart dans les tuyaux.
Dans les longs tunnels obscurs qui la mènent jusqu’à la station d’épuration, elle croise d’autres eaux usées, celles des machines à laver, voilées de lessive, et celles crachées par les industries, notamment. Parfois, la pluie se joint à la cohue.
« L’été, dans certaines stations balnéaires et certains sites touristiques de montagne, la population est multipliée par 10. Quelques semaines avant le début des vacances, les équipes techniques des stations de traitement des eaux usées ont adapté les traitements biologiques – les bactéries ont besoin d’un temps d’acclimatation – et mis en route des réacteurs supplémentaires », décrit Julien Laurent, enseignant-chercheur en traitement des eaux usées à l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Starsbourg (Engees).
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Arrivée dans la station, l’eau est lavée. Les agents techniques la débarrassent des grosses matières, c’est le prétraitement. Puis elle est laissée à décanter, pour que d’autres matières remontent à la surface et soient retirées. Les matières deviendront des boues.
Ensuite, c’est le grand bain. L’eau sale passe par plusieurs bassins biologiques qui la débarrassent des matières chimiques (poudres à laver, détergents, solvants, nitrates) et continuent le processus de filtration : les eaux épurées sont séparées des boues.
Ces dernières sont traitées pour devenir du biogaz, qui sera d’abord réutilisé pour chauffer les différents bâtiments de la station d’épuration ou réinjecté dans le réseau local.
La France en retard
« Nous sommes soumis à des contraintes réglementaires (sur la qualité de l’eau, notamment), mais aussi économiques », explique Florian Fabacher, directeur d’une station dans l’est de la France qui nettoie les eaux usées d’un million d’habitants. Il est salarié d’un groupe privé à qui l’intercommunalité a délégué ce service public.
« Nous sommes liés par contrat avec l’intercommunalité qui nous impose de ne pas dépasser le budget qu’elle nous alloue. Notre station consomme chaque année pour deux millions d’euros d’électricité », poursuit-il.
La valorisation des boues permet aux stations de réduire la facture, voire de générer de nouveaux revenus en revendant le biogaz au réseau local. Quant aux eaux épurées, elles sont rejetées dans les rivières, dépolluées au maximum pour ne pas nuire aux milieux aquatique.
« Dans certains territoires du sud de la France, elle est réutilisée pour arroser golfs et espaces verts. La France, en raison de sa réglementation très exigeante sur la qualité que doit avoir l’eau pour être réutilisée, est en retard sur le recyclage », éclaire Julien Laurent, de l’Engees.
La France ne retraite que 0,6 % des eaux usées contre 8 % en Italie et 14 % en Espagne.
Quelle(s) formation(s) ?
Les petites stations de traitement des eaux usées (entre 2 000 et 20-30 000 habitants) sont pilotées par des techniciens. Ces derniers sont diplômés d’un BTS (bac +2) Métiers de l’eau ou Gestion et maîtrise de l’eau (Gemeau) ou encore d’un BTS Électrotechnique ou Électromécanique. Les stations étant largement mécanisées, des connaissances en réparation, notamment de moteurs, sont des plus utiles. Les stations plus grandes (de 40-50 000 à un million d’habitants) sont, quant à elles, gérées par un ou plusieurs ingénieurs.
Il existe des écoles spécialisées. L’Engees de Strasbourg est la plus réputée. Il y a également, l’ENSIL-ENSCI et son cycle Ingénieur eau, à Limoges, l’ENSCR et sa majeure Environnement, Procédés et Analyses, à Rennes.
Gaz mortel
Le rôle du directeur de station est d’orchestrer cette grande machinerie. « Ma mission première est d’assurer la sécurité des installations et de mes équipes », estime Florian Fabacher. Quand l’eau fermente trop longtemps, elle dégage du sulfure hydrogène, un gaz mortel. Aux risques d’accidents et de chutes s’ajoute donc un risque biologique.
Le directeur organise aussi le travail. Aux uns, il fait effectuer les prélèvements d’eau et de boues qui seront analysées dans les laboratoires. Aux autres, il délègue la maintenance des équipements. Il vérifie les données biologiques, s’assure que la réglementation est respectée et rend compte, à travers des bilans réguliers, aux autorités de contrôle (agences de l’eau) comme à l’intercommunalité.
De plus en plus il est employé par cette dernière. « Après avoir eu tendance à déléguer à des groupes privés [Suez, Veolia, La Saur, NDLR], les intercommunalités reviennent à la gestion en régie. Cela a commencé il y a 10 ans et s’est accéléré au cours des cinq dernières années », souligne Florent Noulette, directeur de la division « Public » du cabinet de recrutements Michael Page.
Dans le public, le directeur, embauché comme contractuel, s’impose rapidement comme le référent’eau’sein de la collectivité. Les avantages du privé : le véhicule de fonction, les primes d’intéressement, et l’opportunité de passer aisément d’un poste du nord de la France, par exemple, au Sud.
Les salaires sont sensiblement les mêmes et tous, public comme privé, recrutent massivement.
Quels salaires ?
De zéro à deux ans d’expérience : de 40 000 à 43 000 euros brut par an
De deux à cinq ans d’expérience : de 43 000 à 48 000 euros brut par an
(source : groupe Michael Page, cabinet de recrutement)
Et aussi…
Le metteur en route accompagne les premiers pas de la station, juste après sa construction ou sa rénovation. Cet ingénieur vérifie la conformité des installations, effectue les derniers réglages et les premiers tests. Pour résumer, il s’occupe du rodage de la nouvelle station. « Ce poste est intéressant pour les jeunes diplômés, il permet de bétonner son CV », souligne l’Engees, l’école de Strasbourg. En revanche, ce métier implique beaucoup de déplacements et un travail en horaires décalés.
Le/la technicien(ne) traitement des eaux s’assure de la bonne marche de la station au quotidien et sur la durée. Il assure le suivi des différentes étapes de traitement. Il vérifie le fonctionnement des équipements et machines. S’il y a un problème avec les machines, il effectue de petites opérations de maintenance.
Le/la technicien(ne) analyse et qualité de l’eau travaille en laboratoire. Il reçoit les échantillons recueillis par les préleveurs d’eau, puis analyse, mesure et contrôle les qualités chimiques, physiques et biologiques des eaux arrivant à la station et y ressortant.
Le/la technicien(ne) de maintenance répare les machines défectueuses. Il intervient aussi en amont (la maintenance préventive) en changeant une pièce avant que la machine ne tombe en panne. Il est également consulté pour l’achat de nouveaux équipements moins énergivores.