Cet article est extrait de notre magazine consacré au pouvoir d'achat. À retrouver en kiosque et en ligne.
Depuis presque deux ans, la même histoire se répète inlassablement. « Au lendemain d’une annonce du président de la République, du Premier ministre ou du ministre de l’Économie, nous recevons au cabinet entre 15 et 50 appels de clients. Ils nous pressent de questions : “Mon entreprise peut-elle bénéficier des aides – prêts garantis par l’État, fonds de solidarité) ?” ; “Ces aides sont-elles imposables ?” ».
Jonathan Amram, expert-comptable au sein du cabinet Afitec, se sent au cœur de la vie économique. Experts-comptables, mais aussi comptables, tous, en cabinet et dans les entreprises, se mettent alors en ordre de bataille.
Il faut aller à la pêche aux informations auprès de l’administration fiscale, décrypter les derniers décrets d’application dès leur parution, constituer les dossiers, puis apporter un peu de visibilité à des patrons déboussolés et inquiets. La trésorerie, c’est la vie de l’entreprise. Sans liquidités disponibles, elle ne peut se développer, elle ne peut même pas fonctionner.
Cet article est extrait de notre magazine consacré au pouvoir d'achat. À retrouver en kiosque et en ligne.
Depuis presque deux ans, la même histoire se répète inlassablement. « Au lendemain d’une annonce du président de la République, du Premier ministre ou du ministre de l’Économie, nous recevons au cabinet entre 15 et 50 appels de clients. Ils nous pressent de questions : “Mon entreprise peut-elle bénéficier des aides – prêts garantis par l’État, fonds de solidarité) ?” ; “Ces aides sont-elles imposables ?” ».
Jonathan Amram, expert-comptable au sein du cabinet Afitec, se sent au cœur de la vie économique. Experts-comptables, mais aussi comptables, tous, en cabinet et dans les entreprises, se mettent alors en ordre de bataille.
Il faut aller à la pêche aux informations auprès de l’administration fiscale, décrypter les derniers décrets d’application dès leur parution, constituer les dossiers, puis apporter un peu de visibilité à des patrons déboussolés et inquiets. La trésorerie, c’est la vie de l’entreprise. Sans liquidités disponibles, elle ne peut se développer, elle ne peut même pas fonctionner.
Nouveau variant, nouvelles restrictions… Pas le temps de respirer, les experts-comptables doivent tout recommencer. En cette période troublée, dans laquelle « les entreprises ont besoin plus que jamais d’avoir le nez dans leurs comptes », comme l’indique Flavien Chantrel, responsable des études chez RegionsJob, le caractère essentiel des métiers de la comptabilité se rappelle cruellement à elles. Ils font partie du top 10 des métiers recrutant le plus depuis la crise sanitaire, selon cette plateforme d’offres d’emploi.
Quelle(s) formation(s) ?
Le parcours est long : huit ans pour obtenir le Diplôme – d’État –d’expertise comptable (DEC). C’est l’unique sésame ouvrant la voie à ce métier.
Outre les cours, trois années de stage rémunéré en cabinet et la rédaction d’un mémoire sont nécessaires pour valider ce cursus. Deux étapes jalonnent le parcours. La première arrive trois années après l’obtention du bac : l’aspirant expert-comptable doit décrocher son Diplôme de comptabilité et de gestion (DCG). La seconde vient cinq ans après le bac, avec la validation du Diplôme supérieur de comptabilité et de gestion (DSCG).
Selon la dernière étude sur les besoins en main-d’œuvre de Pôle Emploi, les entreprises avaient pour projet, en 2021, d’embaucher 21 000 comptables et experts-comptables. De quoi mettre encore plus la pression sur des métiers déjà en tension. « De manière structurelle, il manque en France 10 000 professionnels de la comptabilité », souligne Lionel Canesi, le président de l’Ordre des experts-comptables.
Garant de l’état de santé d’une entreprise
Quels sont donc le rôle et les missions de l’expert-comptable qui en font de plus en plus un pilier de l’entreprise ? Il est celui qui établit, contrôle, surveille et améliore les comptes des entreprises clientes quand il exerce en cabinet, ou de son employeur quand il travaille dans une entreprise. Toute entreprise est dans l’obligation d’avoir une comptabilité juste et sincère.
Ces informations comptables intéressent les services fiscaux, mais aussi les actionnaires et les banquiers souhaitant évaluer l’état de santé de l’entreprise. L’expert-comptable, membre d’un ordre professionnel et ayant prêté serment, est le seul capable d’attester que l’entreprise respecte ses obligations et normes comptables.
Au printemps, de mars à juin, il dresse les comptes annuels et en atteste la cohérence et la conformité auprès de l’administration fiscale. Il est aussi celui qui établit les déclarations fiscales et sociales. Voilà pour le volet réglementaire.
Salaires jusqu’à sept ans d’expérience :
de 49 à 72 000 euros brut par an dans un cabinet de moins de 20 salariés.
de 62 à 84 000 euros brut par an dans un cabinet de plus de 50 salariés.
Étude du cabinet Hays sur les rémunérations en 2021-2022
Premier conseiller et « lanceur d’alerte »
« L’expert-comptable s’affirme de plus en plus comme le premier partenaire, le premier conseiller du chef d’entreprise. Il l’aide à consolider sa trésorerie et vérifie sa capacité à investir, à recruter, à se relancer », insiste l’expert-comptable Jonathan Amram. Il les épaule en les guidant dans le système nébuleux d’aides et de nouvelles réglementations fiscales.
« Il est aussi celui qui fait parler les chiffres et donne aux dirigeants des indicateurs pour piloter leur activité », souligne le président de l’Ordre des experts-comptables. Il fournit notamment des tableaux de bord à ses clients, qui font le point sur les entrées et sorties de trésorerie, présentes et à venir. Les fournisseurs ont-ils été payés ? Les clients ont-ils réglé leur note ? Si ce n’est pas le cas, il faut les relancer.
C’est vital, car en France, un quart des faillites sont dues à des retards de paiement. Ponctuellement, l’expert-comptable accompagne aussi les chefs d’entreprise dans leur projet. « Si un restaurateur souhaite engager des travaux, il va voir en premier son expert-comptable. Après analyse de son historique, de sa trésorerie, du coût de l’investissement, ce dernier lui dit combien de couverts il doit faire par jour pour réussir et ne pas se retrouver quelques mois plus tard en défaut de paiement », décrit Lionel Canesi.
Pour aller plus loin
Le site de l’Ordre des experts-comptables.
« Vie de comptable », une communauté déclinée sur Facebook, LinkedIn et YouTube
Avec l’IA, la trésorerie en temps réel
En 2018, l’Institut Sapiens, un think tank libéral, annonçait pour 2040 la mort du métier de comptable. Le Covid a plutôt rappelé sa nécessité. L’intelligence artificielle et la digitalisation n’ont pas anéanti le métier, mais accouché d’outils permettant aux comptables et experts-comptables de gagner du temps. Voici quelques exemples de l’évolution du secteur.
Adieu boîtes à chaussures bourrées à ras bord de factures en tous genres ! Ces réceptacles en carton confiés comme des trésors par les patrons de petites entreprises à leurs comptables étaient honnis par ces derniers.
Les factures envoyées aux clients, publics comme privés, doivent désormais être électroniques et les démarches et déclarations auprès de l’administration fiscale se font en ligne. De quoi diminuer le risque de perte et d’erreur… et gagner de la place au bureau.
L’IA sert à connaître sa trésorerie en temps réel. Sur le tableau de bord, une petite pastille rouge apparaît : l’entreprise X et fils n’a toujours pas payé, il faut la relancer. L’IA va chercher les données (montant, date de l’échéance, etc.) dans les différents dossiers et les fait figurer dans le tableau de bord. Un outil précieux pour connaître en temps réel l’état de la trésorerie des entreprises clientes et anticiper les prochaines échéances.