Depuis plusieurs semaines, le chiffre s’affiche dans les pages de la presse française : entre février 2022 et janvier 2023, le nombre de faillites d’entreprises a dépassé la barre des 42 000, soit une augmentation de plus de 50 % par rapport à 2021. Par « faillites », comprenez l’ouverture d’une procédure collective (placement sous contrôle judiciaire pour aider à régler des dettes) à l’encontre d’une entreprise en situation de cessation de paiements.
Ces derniers mois et semaines, des noms connus du grand public, notamment dans le secteur du textile, ont entamé des procédures de liquidation. Citons par exemple San Marina, Camaïeu, Go Sport, Celio ou encore Gap. Des entreprises plus confidentielles subissent également le phénomène, détaille la Banque de France.
Ce sont surtout les Petites et moyennes entreprises (PME) qui subissent cette hausse (+ 51,6 %) et notamment les petites et très petites entreprises (TPE) (+ 97,2 % et + 94,8 %), en particulier dans l’hébergement et la restauration, l’industrie ou les activités d’enseignement de santé et d’action sociale. Surtout, derrière ces chiffres, ce sont des milliers d’emplois qui sont menacés par ces procédures et donc un potentiel risque pour l’économie française de ralentissement de l’activité et de hausse du chômage.
Depuis plusieurs semaines, le chiffre s’affiche dans les pages de la presse française : entre février 2022 et janvier 2023, le nombre de faillites d’entreprises a dépassé la barre des 42 000, soit une augmentation de plus de 50 % par rapport à 2021. Par « faillites », comprenez l’ouverture d’une procédure collective (placement sous contrôle judiciaire pour aider à régler des dettes) à l’encontre d’une entreprise en situation de cessation de paiements.
Ces derniers mois et semaines, des noms connus du grand public, notamment dans le secteur du textile, ont entamé des procédures de liquidation. Citons par exemple San Marina, Camaïeu, Go Sport, Celio ou encore Gap. Des entreprises plus confidentielles subissent également le phénomène, détaille la Banque de France.
Ce sont surtout les Petites et moyennes entreprises (PME) qui subissent cette hausse (+ 51,6 %) et notamment les petites et très petites entreprises (TPE) (+ 97,2 % et + 94,8 %), en particulier dans l’hébergement et la restauration, l’industrie ou les activités d’enseignement de santé et d’action sociale. Surtout, derrière ces chiffres, ce sont des milliers d’emplois qui sont menacés par ces procédures et donc un potentiel risque pour l’économie française de ralentissement de l’activité et de hausse du chômage.
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Effet de rattrapage
« Ce n’est qu’un phénomène de rattrapage », tempère pourtant Emmanuelle Auriol, professeure à la Toulouse School of Economics et membre du Conseil d’analyse économique. « Lors de la crise sanitaire, le gouvernement a mené une politique, efficace vu les circonstances, du ‘’quoi qu’il en coûte’’, afin d’éviter les faillites d’entreprises avec des mesures comme les Prêts garantis par l’État (PGE), le Fonds de solidarité ou encore l’activité partielle. De ce fait, toutes les entreprises qui étaient des canards boiteux et qui auraient dû disparaître en temps normal sont restées en vie, sous perfusion », explique-t-elle.
Un constat partagé par Lionel Nesta, professeur d’économie à l’Université Côte d’Azur de Nice et spécialiste de la dynamique industrielle. « Il faut se souvenir que pendant la crise du Covid, il y a eu une baisse de 50 % des faillites d’entreprises ! Donc, nous ne sommes même pas encore entrés dans un effet de rattrapage complet. Il faut que cette hausse soit de 100 % pour atteindre de nouveau les chiffres du cycle normal de l’économie, soit environ 60 000 liquidations d’entreprises chaque année. »
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De fait, en 2022, le nombre de faillites d’entreprise est encore inférieur de 17 % par rapport à 2019. D’un point de vue macroéconomique, les deux spécialistes ne sont donc pas surpris et considèrent même que c’est une bonne chose de rattraper le niveau habituel des disparitions d’entreprises, notamment en 2023, « où il faut s’attendre à une hausse plus importante ».
Car pour eux, l’important est surtout d’éviter la « zombification de l’économie » et de permettre au concept de « destruction créatrice » de prendre tout son sens.
Zombification de l’économie
On parle d’une entreprise « zombie » lorsque celle-ci ne dégage pas assez de profit pour lui permettre de rembourser les intérêts de sa dette. Pour Lionel Nesta, c’est ce qui est arrivé lors de la crise du Covid où les subventions de l’État maintenaient en vie des entreprises peu profitables.
Destruction créatrice
Créée par l’économiste austro-américain Joseph Schumpeter, la notion de destruction créatrice désigne le processus de disparition d’activités productives au profit de nouvelles, du fait du progrès technique.
Les créations d’entreprises dynamiques
Autre point qui permet de relativiser les craintes liées à cette hausse : le taux de chômage. « Il faut bien noter que notre taux de chômage est encore relativement bas, autour de 7 %. Si cette hausse des faillites avait été vraiment inquiétante, il y aurait déjà eu des effets sur le chômage. De nombreuses entreprises se plaignent même d’un manque de main-d’œuvre, cela signifie qu’elles sont plutôt dynamiques », souligne Emmanuelle Auriol. Un argument que semblent corroborer les chiffres de création d’entreprises pour 2022. Ils atteignent un nouveau record de 1 071 900 créations en 2022 selon l’Insee – surtout portées par les créations d’entreprises individuelles et de microentreprises il est vrai – même si cette croissance ralentie par rapport à 2021.
Sur le court terme, Lionel Nesta et Emmanuelle Auriol pensent que cette situation n’est pas alarmante. L’enjeu est surtout « d’accompagner humainement, par la solidarité nationale, ces faillites afin d’éviter un coût humain trop important », appuie Lionel Nesta.
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Inquiétude à plus long terme ?
En revanche, concèdent les deux chercheurs, la situation pourrait être plus problématique à long terme. « Je ne vois pas un pays qui se noie dans les faillites, mais il faut rester attentif car la crise énergétique peut devenir structurelle avec l’offensive russe qui semble durer », alerte Emmanuelle Auriol. Une crise de l’énergie qui alimente l’inflation et donc des coûts pour les entreprises.
Pour Lionel Nesta, « si l’on garde un taux d’inflation haut, ce que je pense, nos moyens de production vont devenir obsolètes et la facture devra être payée par quelqu’un : l’État, le contribuable ou les entreprises, ce qui engendrerait une hausse des prix et une baisse des salaires. Il est également possible d’envisager des délocalisations dans les deux ans à venir s’il n’y a pas de réponse, par une politique industrielle, à l’Inflation Reduction Act américain par exemple [plan d’investissement du gouvernement américain incitant les consommateurs à acheter des produits américains et tournés vers la transition écologique]. Si l’on dépasse le seuil de 70 000 ou 80 000 faillites d’entreprises sur un an à cause de la conjoncture actuelle, là, c’est plus grave. »
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Dans le programme de SES
Première. « Comment les agents économiques se financent-ils ? »
Terminale. « Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ? »