La France peut-elle s'inspirer des politiques économiques réussies des autres pays du globe ? C'est le sujet qu'a choisi de traiter la rédaction de Pour l'Éco ce mois-ci. À retrouver en kiosque et en ligne.
Prisunic est l’enseigne d’une société de magasins populaires créée au début des années 1930 par les Grands Magasins du Printemps. Le concept commercial est américain. Il consiste à vendre en un même lieu des articles de toutes natures et de besoin courant à une gamme de prix compétitif : à « prix uniques ».
Les autres grands magasins français en font autant : les Nouvelles Galeries avec Uniprix, les Galeries Lafayette avec Monoprix. Au début, rien ne semble pouvoir entraver la croissance. Prisunic innove et utilise les méthodes des grandes marques, étendant son action en province et à l’étranger.
La concurrence des hypermarchés
Mais en 1972, face aux problèmes de rentabilité du Groupe Printemps, les familles actionnaires majoritaires cèdent leurs parts au Suisse Maus-Nordmann. Ça ne suffit pas. Avec la concurrence des hypermarchés dans l’alimentaire, la situation commerciale de Prisunic est à nouveau ébranlée.
La France peut-elle s'inspirer des politiques économiques réussies des autres pays du globe ? C'est le sujet qu'a choisi de traiter la rédaction de Pour l'Éco ce mois-ci. À retrouver en kiosque et en ligne.
Prisunic est l’enseigne d’une société de magasins populaires créée au début des années 1930 par les Grands Magasins du Printemps. Le concept commercial est américain. Il consiste à vendre en un même lieu des articles de toutes natures et de besoin courant à une gamme de prix compétitif : à « prix uniques ».
Les autres grands magasins français en font autant : les Nouvelles Galeries avec Uniprix, les Galeries Lafayette avec Monoprix. Au début, rien ne semble pouvoir entraver la croissance. Prisunic innove et utilise les méthodes des grandes marques, étendant son action en province et à l’étranger.
La concurrence des hypermarchés
Mais en 1972, face aux problèmes de rentabilité du Groupe Printemps, les familles actionnaires majoritaires cèdent leurs parts au Suisse Maus-Nordmann. Ça ne suffit pas. Avec la concurrence des hypermarchés dans l’alimentaire, la situation commerciale de Prisunic est à nouveau ébranlée.
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Pour enrayer la chute, l’enseigne se réorganise, les méthodes d’achat s’industrialisent… mais pas assez. Les années 1980 voient éclore d’autres formes de concurrence, cette fois dans le domaine du meuble, celle de magasins spécialisés, de grande ou de petite surface, en périphérie des villes ou en centre-ville, qui réduisent encore davantage les parts de marché des magasins populaires : c’est l’essor d’Habitat, Ikea, Castorama… De nombreuses marques affiliées quittent l’organisation Prisunic.
Prisunic en cinq dates
1930 Création de Prisunic.
1972 Le Suisse Maus, actionnaire majoritaire.
1992 Difficultés financières du groupe Maus, le groupe PPR actionnaire majoritaire.
1997 Monoprix rachète Prisunic.
2002 Dissolution de Prisunic.
« Une entreprise trop singulière »
Prisunic rationalise sa logistique et tente de développer, avec ses affiliés restants, une formule de « mini-hypermaché » discount. Mais le parc de magasins reste trop hétérogène et l’investissement dans la rénovation des magasins est insuffisant. En 1992, le groupe Maus, actionnaire majoritaire du Printemps, fait de mauvaises affaires aux États-Unis.
Il vend ses parts du Printemps au groupe de François Pinault (PPR). Mais pour Serge Weinberg, président de PPR, Prisunic est « une entreprise trop singulière » au sein d’un groupe résolument orienté vers le non alimentaire à travers la Fnac, La Redoute ou Conforama. En octobre 1997, il vend Prisunic à Monoprix. La marque disparaît en 2002.
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La pression des marchés financiers
La cession de Prisunic amène à s’interroger sur les stratégies suivies par les groupes d’entreprises tout au long de leur existence et en fonction des options de leurs actionnaires propriétaires. Prisunic, propriété du groupe Printemps sous la direction du suisse Maus, faisait partie d’un ensemble conduit avec une politique mêlant croissance externe et diversification, mais dans l’enseigne, les capacités organisationnelles n’avaient pas progressé au même rythme que le reste. Face à la montée en puissance de la concurrence, le Groupe Printemps n’y croit plus vraiment.
Sous l’impulsion de Serge Weinberg, le groupe veut se recentrer et souhaite donc se séparer d’une enseigne très présente dans l’alimentaire. Faire un recentrage, pour une entreprise, c’est abandonner une partie de ses activités. Il se justifie quand un groupe observe une baisse de sa performance. Le recentrage consiste alors à conserver les métiers les plus rentables, promesses d’une croissance à long terme.
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Dans un environnement concurrentiel de plus en plus tendu sous la pression des marchés financiers, les autres métiers sont alors vendus pour investir encore plus dans les métiers porteurs de richesses. Dans le cas de Prisunic, le recentrage du groupe PPR a un objectif : sortir de l’alimentaire.
Pour aller plus loin
L’expert Hafida El Younsi, enseignant chercheur à l’Institut polytechnique de Paris (ENSTA) a étudié le processus de recentrage dans toutes ses dimensions : quantitatives (réduction du nombre d’activités productives) et qualitatives (mise en cohérence du portefeuille d’activités) et est l’auteur des Stratégies de recentrage des entreprises – Europe, États-Unis 1990-2008 (Presses Académiques Francophones, 2013).