Impression photo : comment Cheerz a réussi son pivot stratégique

Quand les usages changent, la clé du succès, c’est d’anticiper, de déceler avant les autres le futur créneau porteur… En 2012, Antoine Le Conte, 25 ans, crée avec un ami d’enfance une entreprise d’impression de photos en ligne.

Il veut surfer sur la vague Facebook où les photos prises avec le téléphone jouent un rôle clé. Au démarrage, « les concurrents étaient compliqués à utiliser. Nous avons voulu transformer la corvée photo en un moment ludique », explique Antoine Le Conte.

Avec son associé, le jeune homme s’insère dans le réseau « Entreprendre Paris ». Rapidement, leur application pour smartphone trouve son public. L’activité démarre sur les chapeaux de roues  : en 12 mois, Cheerz sextuple son chiffre d’affaires pour atteindre 3,6 millions d’euros en 2014.

Mais le marché national est trop petit. La start-up s’implante alors sur le marché espagnol, première étape de son expansion en Europe. Sur sa lancée, elle lève six millions d’euros auprès d’un fonds d’investissement (2015) : Cheerz recrute une dizaine de salariés. Ils sont désormais 45 et s’installent dans des locaux plus grands… Mais les ventes ne décollent pas.

Nouvelle cible : les jeunes mamans

« Notre modèle n’était plus viable, reconnaît le patron. Nous visions jusque-là les 20-25 ans, nous avons pivoté vers les jeunes mamans. » Ce virage stratégique va bien au-delà du marketing. Il faut un nouvel outil industriel. 

En 2017, Cheerz devient propriétaire de son usine de photos et d’albums (à Gennevilliers), qui assure la moitié de la production. Le reste provient des usines du groupe allemand Cewe, leader européen de l’impression photo numérique, dont la start-up devient une filiale.

« Avec leurs capacités de production, nous pouvons continuer à faire croître l’entreprise en Europe », précise Antoine Le Conte. La pandémie n’a pas entravé la croissance : les 50 salariés volontaires qui ont continué à travailler ont fait passer le chiffre d’affaires de 42 millions d’euros en 2019 à 49 millions en 2020.

Et Cheerz a versé 150 000 euros de dons à des associations, une démarche qu’elle a décidé de pérenniser. Pour la suite, Antoine le Conte est optimiste. D’après lui, le marché de l’impression photo devrait basculer totalement vers le mobile, sur lequel sa marque est leader. Objectif  ? 100 millions d’euros en 2024. Au terme d’une décennie mouvementée, Cheerz emploie aujourd’hui 150 salariés qui fabriquent des albums photos pour les familles.