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L'État doit-il lâcher les entreprises les plus polluantes ?

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Avec la pandémie, l'État a dû voler au secours d'entreprises en danger de disparition avec l'arrêt économique à coup de dizaines de milliards d'euros. Parmi elles, en particulier dans l'aéronautique ou l'automobile, certaines n'étaient pourtant pas des championnes du climat. Fallait-il les laisser tomber ?

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© Pierre GLEIZES/REA

Le débat

L'État doit-il lâcher les entreprises les plus polluantes ?

Mireille Bruyere, Philippe Aghion

Oui, le démantèlement doit être envisagé

Mireille Bruyere

Maître de conférences en économie à l’Université de Toulouse 2 et membre du conseil scientifique d’Attac. Elle a publié "L’insoutenable productivité du travail" aux Éditions Bord de l’Eau et plus récemment, "La part sombre de l’industrie : la relocalisation industrielle à l’heure du capitalisme numérique" (juin 2020).

Non, il faut les aider à se transformer

Philippe Aghion

C’est sans doute l’un des économistes français les plus influents du moment. Spécialiste de la théorie de la croissance et de l’économie de l’innovation, Philippe Aghion, Professeur au Collège de France depuis 2015, a enseigné dans de prestigieuses universités internationales comme la London School of Economics ou Harvard, où il est toujours professeur invité. Farouche défenseur de l’innovation verte, ce disciple de Joseph Schumpeter explore, dans son dernier ouvrage collectif « Le Pouvoir de la destruction créatrice » (Odile Jacob), de nouvelle piste sur l’origine de la croissance.

L'avis de Mireille Bruyere : Oui, le démantèlement doit être envisagé

La crise sanitaire doit nous permettre de redessiner la carte industrielle française et questionner en profondeur notre intégration aux chaînes de valeurs mondialisées.

L’enjeu de cette réflexion est crucial : il s’agit de construire une économie en accord avec nos impératifs sociaux et écologiques.

Pour accomplir ce dessein, il faut envisager la réduction, voire le démantèlement de certains secteurs polluants, à l’instar du secteur automobile, aéronautique et une sortie des chaînes de production mondialisées comme le textile.

La solution peut paraître radicale, mais elle sera plus efficace que la chimère d’une croissance verte. Non, ces entreprises ne réaliseront pas leur transition écologique. Elle n’est pas possible, par essence même du capitalisme dans lequel elles s’inscrivent.

Les gains de productivité sont au cœur du capitalisme. Pour atteindre cette rationalisation, la production est organisée aux quatre coins du monde.

L’industrie du textile est un exemple parfait : grâce à cette mondialisation (production en Chine, vente en Europe) les gains de productivité ont crû considérablement en 40 ans. Or, cette optimisation crée de graves dysfonctionnements sociaux (dumping, concurrence entre les salariés) et environnementaux (transport des marchandises).

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