Face au réchauffement climatique et aux pénuries énergétiques créées par la guerre en Ukraine, la sobriété a le vent en poupe, mais c’est moins le cas pour la baisse du temps du travail, question épineuse dans le débat économique.
Pourtant, pour contribuer à l’effort climatique et atténuer la hausse du prix de l’énergie, la réduction du temps de travail pourrait devenir un des piliers de la transition écologique.
Depuis le milieu du XIXe siècle, le temps de travail n’a cessé de diminuer et la réforme des 39 heures en 1982, puis celle des 35 heures en 2000, ont été mises en place dans une logique de lutte contre le chômage et de l’emploi précaire.
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D’ailleurs, selon un rapport d’enquête parlementaire, le passage aux 35 heures aurait permis la création d’environ 350 000 emplois. Ces lois ont aussi amélioré le bien-être des salariés, car la réduction du temps de travail permet de facto d’augmenter le temps libre.
La semaine de quatre jours, meilleure alternative ?
Aujourd’hui, l’intérêt que suscite la baisse du temps de travail n’est plus seulement lié à la qualité de vie des travailleurs, mais aussi à l’impact environnemental qu’aurait une telle mesure.
C’est ce qu’ont mis en avant, en 2015, deux économistes suédois, Jonas Nässén et Jörgen Larsson, en indiquant qu’une baisse de 1 % du temps de travail permettrait de réduire de 0,8 % la consommation d’énergie et d’émission de gaz à effet de serre.
Dans la continuité de ces travaux, Lewis King et Joeren Van de Bergh ont précisé, en 2017, que la semaine de quatre jours serait la meilleure alternative.
Empreinte numérique
D’où proviendraient ces économies ? En travaillant moins, les déplacements domicile-travail sont réduits, entraînant des gains significatifs sur la consommation de carburant. Cela permettrait aussi de diminuer les besoins en biens et services que les travailleurs utilisent (papeterie, matériel informatique, habillement) tout en diminuant l’empreinte carbone considérable du numérique.
Pour autant, ces différentes études nécessiteraient d’être approfondies, notamment pour étudier un éventuel effet rebond. Souvent mis en avant dans la lutte contre le changement climatique, celui-ci désigne le risque, à la suite de l’introduction d’une technologie plus économe en énergie, de voir la consommation énergétique diminuer moins qu’espéré, car les individus ne sont pas incités à réduire l’usage de cette technologie.
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Travailler moins, polluer...plus ?
Ici, diminuer le temps de travail générerait certes une baisse de la consommation énergétique, mais rien n’indique comment les travailleurs se saisiront de ce jour supplémentaire de temps libre. Jardineront-ils davantage ou conduiront-ils une voiture ?
Car avec plus de temps libre et les mêmes revenus, les salariés risquent de davantage consommer (au détriment de leur épargne) et donc… de polluer plus.
Mais cela reste à prouver, car une étude de la Dares a montré qu’à la suite du passage aux 35 heures, les travailleurs ont profité de leur temps libre pour se reposer ou passer du temps en famille… Autant d’activités décarbonées.
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