Nous entendons souvent les témoignages de célébrités qui ont changé de vie professionnelle : l’humoriste Caroline Vigneaux, qui a abandonné le métier d’avocate, Fouad, trader pendant 20 ans qui a choisi de monter sur les planches. Ou le chanteur des 80’s Glenn Medeiros, devenu proviseur de lycée… Les exemples abondent aussi de personnes moins connues sur le site Nouvelleviepro.fr : une enseignante devenue infirmière, un informaticien passé restaurateur… Tous disent la même chose : ils n’étaient plus en phase avec le métier qu’ils exerçaient, quelquefois depuis longtemps. Ils n’étaient plus eux-mêmes, tout simplement. Ils ont alors pris LA décision qui allait changer leur destin. Souvent, ils ont « ramé », mais ils se sont accrochés, car ils y croyaient, et ils ne l’ont pas regretté.
Écouter sa petite musique intérieure
À bien y réfléchir, il y avait longtemps qu’une petite voix leur montrait une autre voie, qu’ils connaissaient mais avaient ignorée : leur ancre de carrière.
Cette notion incarne ce que l’on veut profondément, ce qui constitue nos points de repère tout au long de notre vie professionnelle. Quand Robert quitte une vie de commercial pour devenir jardinier, il choisit la « qualité de vie ». Quand Fouad préfère les planches à la finance, c’est l’ancre « créativité » qui le guide. Quand Jonas crée son entreprise en renonçant à un poste de cadre dans une grande entreprise, il aspire à l’« autonomie ».
Les ancres de carrière ont été définies par Edgar Schein1 en 1990. C’est ce qu’une personne considère de plus important et de non négociable. L’ancre guide ses choix professionnels tout au long de sa vie. On compte huit ancres de carrière : technique, managériale, autonomie, sécurité, créativité, dévouement à une cause, défi pur et style de vie. Même si nous pouvons en avoir le sentiment, notre ancre de carrière ne change pas, nous sommes seulement mieux à même de l’identifier. Au fil de nos expériences personnelles, familiales et professionnelles, nous avons une vision de plus en plus claire de nos capacités, besoins, motivations et valeurs, qui sont les composants des ancres de carrière.
Ne pas connaître son ancre ou ne pas la suivre, c’est prendre le risque de vivre dans la frustration parce qu’on a voulu faire plaisir à ses parents, qu’on a été raisonnable, qu’on n’a pas osé renoncer à un certain confort.
Le grand saut salutaire
Quand on commence à ne plus avoir envie de se lever le matin pour partir travailler, il faut se poser les bonnes questions. Bien sûr, ce n’est peut-être qu’un coup de mou. Mais attention, c’est parfois le signe d’un désalignement entre ce que l’on fait et ce que l’on aimerait faire.
Il faut avoir alors le courage de prendre une décision qui peut changer un peu, beaucoup, radicalement le cours de sa vie. Pour aller de l’avant, tout simplement.
1. Ancien professeur au MIT, spécialiste des organisations et du développement de carrière