« Le prix du gaz devrait commencer à diminuer au cours du deuxième semestre prochain. Mais on s’attend à ce que le prix du pétrole reste assez durablement haut », a expliqué ce lundi 14 février Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports, au micro de RMC. Un pronostic qui ne devrait pas rassurer les Français.
Pour les 38,2 millions de voitures circulant en France et leurs conducteurs, le passage à la station-service est déjà de plus en plus onéreux. Ce jeudi 10 mars 2022, les prix atteignent 2,08 euros le litre de gasoil en moyenne.

Un prix du baril qui s’envole
Cette hausse des prix du carburant résulte logiquement de l’augmentation de la cotation du baril de Brent (pétrole) sur les marchés internationaux. Il est au 10 mars à près de 113 dollars.

Évolution du prix du baril de pétrole brut sur les 12 derniers mois. Capture d’écran Boursorama.
Mais le prix du baril ne représente même pas la moitié du coût final à la pompe en France. Trois autres facteurs comptent : le coût du raffinage, le coût de transport et de distribution et enfin, le plus important, les taxes spécifiques.
Les taxes, majorité du prix
Deux taxes sur l’essence existent : la TVA et la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, plus connue sous son acronyme TICPE.
La TICPE, gelée depuis 2018 par le gouvernement suite au mouvement des gilets jaunes, se porte à 0,68 euro/L pour le SP95-E5, à 0,66 euro/L pour le SP95-E10 et à 0,59 euro/L pour le gazole. Une taxe au coût stable, qui voit son poids dans le prix du litre évoluer uniquement si les autres facteurs varient. Elle comprend la taxe carbone, qui s’applique au prorata des émissions de CO2 de l’énergie en question.
De son côté, la TVA s’applique doublement : sur le prix hors taxe du litre, à hauteur de 20 %, et sur la TICPE, également à 20 %. En moyenne, ces deux taxes représentent entre 50 et 60 % du prix total du litre d’essence pour le consommateur.
En octobre 2021, le site france-inflation.com avait estimé les différents coûts pour un litre de carburant. Pour du SP95-E10 à 1,63 euro, les taxes représentaient 94 centimes (87 pour le gazole). Le baril de pétrole brut coûtait de son côté 45 centimes, soit près d’un quart du prix final. Les frais et les marges des compagnies et distributeurs pétroliers étaient eux estimés à 24 centimes le litre (23 pour le gazole).

Serait-il possible de baisser ces taxes comme le réclament certains candidats à la présidentielle ? Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France, propose par exemple de réduire la fiscalité sur les carburants, en supprimant une partie de la TICPE et en compensant le manque à gagner avec un impôt « temporaire » sur les très grandes fortunes. Pourtant, deux problèmes lui font face.
Le premier serait le coût considérable pour les finances publiques : chaque centime en moins sur cette taxe équivaudrait pour l’État à la perte d'un demi-milliard d’euros par an.
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Le deuxième serait le signal contradictoire envoyé en période de transition écologique : difficile d’imaginer une diminution de la consommation de produits carbonés en baissant le prix de l’essence. Cette régulation est surnommée par les économistes le signal prix.