L’été est encore loin, mais la sécheresse, elle, menace déjà nos réserves en eau. Dans certaines régions, la pluie n’est pas tombée depuis plus d’un mois et le niveau des nappes phréatiques est bien en deçà des moyennes de saison. Six départements français (Ain, Bouches-du-Rhône, Pyrénées-Orientales, Var, Savoie, Yvelines) sont en alerte précoce.
Une situation qui pousse, à nouveau, à repenser la gestion de l’or bleu, indispensable à la vie humaine, à l’industrie, mais aussi et surtout à l’agriculture. Le secteur agricole représente près de la moitié des 5,3 milliards mètres cubes consommés chaque année en France, selon le ministère de la Transition écologique.
L’urgence est donc, entre autres, de trouver une solution pour inciter les irrigants à réduire leurs besoins en eau. Dans cette optique, des départements en Nouvelle-Aquitaine et dans les Pyrénées-Orientales ont fait le choix d’installer des compteurs communicants dans les exploitations.
L’été est encore loin, mais la sécheresse, elle, menace déjà nos réserves en eau. Dans certaines régions, la pluie n’est pas tombée depuis plus d’un mois et le niveau des nappes phréatiques est bien en deçà des moyennes de saison. Six départements français (Ain, Bouches-du-Rhône, Pyrénées-Orientales, Var, Savoie, Yvelines) sont en alerte précoce.
Une situation qui pousse, à nouveau, à repenser la gestion de l’or bleu, indispensable à la vie humaine, à l’industrie, mais aussi et surtout à l’agriculture. Le secteur agricole représente près de la moitié des 5,3 milliards mètres cubes consommés chaque année en France, selon le ministère de la Transition écologique.
L’urgence est donc, entre autres, de trouver une solution pour inciter les irrigants à réduire leurs besoins en eau. Dans cette optique, des départements en Nouvelle-Aquitaine et dans les Pyrénées-Orientales ont fait le choix d’installer des compteurs communicants dans les exploitations.
La transparence pour faire baisser la consommation
Semblables aux boîtiers Linky qui évaluent la consommation d’électricité moyenne des ménages, ceux-ci permettent aux gestionnaires de connaître quasiment en temps réel la dépense en eau d’un agriculteur. À l’heure actuelle, la majorité des agriculteurs font eux-mêmes leurs relevés via des compteurs mécaniques. « L’hypothèse de départ est : plus on a une meilleure connaissance de la consommation, plus on va pouvoir la faire baisser », résume Marielle Montginoul, chercheuse à l’Inrae (Institut national de la recherche agronomique) et autrice d’une étude sur le sujet.
Grâce à des données journalières, les gestionnaires qui lâchent de l’eau depuis des réservoirs peuvent anticiper sur les quantités à délivrer aux agriculteurs et ainsi éviter le gaspillage. « Mais si l’on veut vraiment induire des changements de comportements, il faut associer la télérelève à des modifications de règles de gestion », poursuit la spécialiste. » Par exemple, moduler les autorisations de prélèvements ou instaurer une tarification adaptée en fonction de la ressource disponible sur un territoire donné. Et en période de restriction, veiller à distance que les volumes sont bien respectés - « ce qui est bien moins coûteux que d’aller sur le terrain », avance Marielle Montginoul -, puis infliger des amendes en cas de dépassements.
Couplés à d’autres outils, les compteurs intelligents incitent aussi à des changements de pratiques. Lors d’une étude sur le sujet dans le bassin du Louts (Landes), des économistes de l’Inrae ont associé la télérelève aux « nudges », « coups de pouce » en français, un concept conçu pour discrètement nous inviter à modifier nos comportements du quotidien.
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Nudge
Forme de suggestion comportementale qui vise à nous inciter à agir de la « bonne » manière lorsque nous prenons des décisions en mode automatique, en actionnant plusieurs leviers de persuasion. La « ludification », autrement dit l’utilisation des principes du jeu, est un levier puissant. Par exemple, certains escaliers sont repeints en couleur et agrémentés de messages amusants pour inciter les utilisateurs à les prendre au lieu de l’escalator situé à côté, pour favoriser l’activité physique.
L’expérience consistait à envoyer des textos à 200 agriculteurs tout au long de l’été 2017 à fréquence hebdomadaire via une plateforme automatisée. Dans ces SMS se trouvaient les informations sur leur utilisation en eau, comparée à celle de leurs voisins. Si l’exploitant était plus économe que la moyenne, le message se concluait par des félicitations. Dans le cas contraire, il poussait à fournir plus d’efforts.
La comparaison sociale joue bien son rôle
Un mécanisme sociologique de comparaison sociale, qui a fonctionné sur certains aspects. « Les gros irrigants ont réduit de quelques pourcents leur consommation, ce qui est significatif. Cela veut dire que ce type d’approche, grâce aux compteurs communicants, peut modifier les comportements des gros consommateurs », relève Arnaud Reynaud, expert des enjeux économiques liés à l’eau en agriculture à l’Inrae.
Un bénéfice néanmoins annulé par « un effet boomerang » non anticipé par l’équipe de recherche : « Les agriculteurs qui n’irriguaient pas se sont mis à irriguer… On ne sait pas vraiment pourquoi. Soit, en voyant leurs voisins irriguer, ils se sont dit qu’ils avaient peut-être fait une erreur en attendant plus longtemps que les autres. Soit, c’est une histoire de conformité sociale ».
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Des résultats en demi-teinte qui, selon le porte-parole de la Confédération paysanne dans la Vienne, Nicolas Fortin, prouvent que les « nudges » ne sont que des « gadgets ». « Ce n’est pas la technologie qui va résoudre le problème (du partage de l’eau), mais le fait d’adapter notre agriculture aux ressources en eau d’un territoire. Le seul intérêt, peut-être, c’est la transparence », juge le paysan. Lui miserait plutôt sur le fait d’envoyer plus d’agents sur le terrain, de faire du contrôle pédagogique, ou encore d’augmenter le montant des amendes en cas de dépassement.
D’autant que « la technologie coûte cher, a une durée limitée et n’est pas si facile à mettre en place », abonde Marielle Montginoul. Dans les zones blanches, où se trouvent beaucoup d’exploitants, impossible de récolter les données par internet.
Agriculteurs, la méfiance vis-à-vis de trop de transparence
L’implantation des boîtiers s’avère aussi souvent compliquée. Pour les principaux concernés, les compteurs intelligents sont généralement perçus comme intrusifs et délivrant trop d’informations aux gestionnaires. Ceux-ci craignent aussi un contrôle et des sanctions renforcées sur le dépassement des quotas, ainsi que des débits journaliers – pour l’instant très peu suivis.
« Le deuxième risque est l’augmentation de la facture d’eau liée à la précision du compteur », peut-on lire dans l’étude « Le compteur communicant : perception des irrigants » publiée en 2020. Si le partage d’informations sur la consommation en eau est essentiel pour une meilleure gestion de la ressource, « cet instrument ne doit pas mettre les exploitants sur le banc des accusés, sous peine d’altérer son efficacité », prévient Marielle Montginoul.
Selon la chercheuse, il serait préférable d’établir, grâce à la transparence que permettent les compteurs communicants, une moyenne de consommation sur une zone et non pas de se baser sur un individu. Celle-ci estime que seuls « les comportements vertueux devraient être mis en avant », afin d’inciter les mauvais élèves à suivre l’exemple.
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Dans le programme de SES
Terminale. « Quelle action publique pour l’environnement ? »
Première. « Comment l’assurance et la protection sociale contribuent-elles à la gestion des risques dans les sociétés développées ? »