Clement Rouget
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Derrière les 78 centimes payés en moyenne par les Français pour un litre de lait, des mécanismes complexes de marché sont à l’œuvre, pas forcément à l’avantage des producteurs tricolores.

Été 2015. Les producteurs de lait expriment leur colère. Six ans seulement après la crise précédente, ils occupent les axes routiers, bloquent des dépôts de distributeurs et déversent leur production sur l’asphalte. Pour survivre, ils exigent une revalorisation du prix du lait. Cette contestation illustre la difficulté d’équilibrer le marché de « l’or blanc », touché notamment par une baisse de la consommation en France. Mais la filière est surtout bouleversée depuis des décennies par des changements réglementaires intimement liés à la politique européenne et aux lois du marché.

Entre 1962 et 1984, les éleveurs sont protégés par la Politique agricole commune (PAC). Encouragés par des « prix haut garantis », ils produisent beaucoup de lait, davantage que les gens n’en consomment. Résultat : des « rivières de lait » inondent l’Europe. En 1984, pour enrayer la surproduction, l’Union européenne instaure des quotas. Ils limitent la production à un certain nombre de litres. L’offre est maîtrisée, la visibilité garantie pour les acteurs, le prix du lait demeure stable et viable pour les agriculteurs, grâce à des aides européennes.