Été 2015. Les producteurs de lait expriment leur colère. Six ans seulement après la crise précédente, ils occupent les axes routiers, bloquent des dépôts de distributeurs et déversent leur production sur l’asphalte. Pour survivre, ils exigent une revalorisation du prix du lait. Cette contestation illustre la difficulté d’équilibrer le marché de « l’or blanc », touché notamment par une baisse de la consommation en France. Mais la filière est surtout bouleversée depuis des décennies par des changements réglementaires intimement liés à la politique européenne et aux lois du marché.
Entre 1962 et 1984, les éleveurs sont protégés par la Politique agricole commune (PAC). Encouragés par des « prix haut garantis », ils produisent beaucoup de lait, davantage que les gens n’en consomment. Résultat : des « rivières de lait » inondent l’Europe. En 1984, pour enrayer la surproduction, l’Union européenne instaure des quotas. Ils limitent la production à un certain nombre de litres. L’offre est maîtrisée, la visibilité garantie pour les acteurs, le prix du lait demeure stable et viable pour les agriculteurs, grâce à des aides européennes.
Été 2015. Les producteurs de lait expriment leur colère. Six ans seulement après la crise précédente, ils occupent les axes routiers, bloquent des dépôts de distributeurs et déversent leur production sur l’asphalte. Pour survivre, ils exigent une revalorisation du prix du lait. Cette contestation illustre la difficulté d’équilibrer le marché de « l’or blanc », touché notamment par une baisse de la consommation en France. Mais la filière est surtout bouleversée depuis des décennies par des changements réglementaires intimement liés à la politique européenne et aux lois du marché.
Entre 1962 et 1984, les éleveurs sont protégés par la Politique agricole commune (PAC). Encouragés par des « prix haut garantis », ils produisent beaucoup de lait, davantage que les gens n’en consomment. Résultat : des « rivières de lait » inondent l’Europe. En 1984, pour enrayer la surproduction, l’Union européenne instaure des quotas. Ils limitent la production à un certain nombre de litres. L’offre est maîtrisée, la visibilité garantie pour les acteurs, le prix du lait demeure stable et viable pour les agriculteurs, grâce à des aides européennes.

3,4 milliards
de litres de lait ont été mis en brique ou en bouteille en 2017 en France. Le reste de la collecte (23,8 milliards de litres) sert pour le fromage, le beurre…
La douloureuse fin des quotas
Mais en 2003, sous la pression notamment de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’Union européenne acte la disparition des quotas pour 2015. Explication : ce système est perçu comme contraire à la concurrence pure et parfaite. La loi de l’offre et de la demande est restaurée, la production augmente fortement, entraînant une baisse des prix de vente. Désormais, le prix du lait européen est directement indexé sur les cours mondiaux.
Éco-mots
Compétitivité
C’est la capacité, pour une entreprise ou une économie, à conquérir des parts de marché face à la concurrence, soit grâce à un niveau de prix plus faible, soit grâce à une adaptation à la demande, à la qualité du produit ou à l’image de la marque.
La libéralisation du marché a mis en difficulté de nombreux éleveurs français. Moins compétitifs que certains de leurs voisins européens, moins organisés au sein de la filière, ils vendent leur lait moins cher qu’il ne leur coûte à produire : 33 centimes à la vente contre 45 centimes à la production. La seule production de lait ne suffit pas à l’éleveur pour se dégager un salaire. Le nombre d’exploitations a d’ailleurs été divisé par quatre en moins de 30 ans.
Une ferme française moyenne
58 vaches qui produisent chacune jusqu’à 30 litres de lait par jour pour une production de 385 000 litres de lait par an.
L’appel au consomm’acteur
Mais ces crises persistantes ont fait naître des solutions. Des petits producteurs proposent désormais leur propre marque afin d’échapper à la domination des distributeurs, vendant leur lait à un prix plus juste. Les consommateurs agissent en jouant le jeu. La marque "C’est qui le patron" commercialise une brique de lait au prix décidé par et pour des citoyens qui veulent réaliser un achat responsable. Du commerce équitable made in France.