La hausse des prix de l’électricité, ces derniers mois, a mis en lumière la forte dépendance de la France à son parc nucléaire, d’autant plus visible qu’étaient indisponibles, au début de l’automne, plus de plus de la moitié des 56 réacteurs nucléaires en raison de maintenances prévues ou de problèmes de corrosion. Le nucléaire représente aujourd’hui 70 % de l’électricité produite en France, contre 12 % pour l’hydraulique, 7 % pour l’éolien et moins de 3 % pour le solaire.

Coût pour le consommateur…
La mise à l’arrêt d’un réacteur, si elle est trop brutale, a un impact direct sur le prix payé par le consommateur. Depuis quelques mois, la France est contrainte de relancer des centrales à gaz ou d’acheter de l’électricité pour compenser l’indisponibilité de son parc, ce qui fait exploser le prix final payé par le consommateur. Le prix de gros de l’électricité dans l’Hexagone a pu dépasser 700 euros le mégawattheure (MWh) en août, contre environ 50 euros/MWh début 2021. Le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement a toutefois limité l’impact et le ressenti du consommateur. La hausse ne peut pas dépasser 4 % du prix réglementé.
… et pour l’environnement
En Allemagne, la décision de 2011, après la catastrophe de Fukushima, de sortir du nucléaire, a eu pour effet une hausse des prix et un recours accru à une électricité produite au charbon et au gaz, plus émettrice de CO2 et nocive pour la santé humaine. Selon un rapport du GIEC de 2018, le nucléaire émet 12 grammes de CO2 par kilowattheure, contre 820 g/kWh pour le charbon et 490 g/kWh pour le gaz.
Inversement, le nucléaire comporte son revers, en raison des risques d’accident et du problème du traitement des déchets qu’elle produit. Toutefois, les déchets radioactifs les plus dangereux (du fait de leur niveau de radioactivité et de leur durée de vie) représentent une petite minorité des déchets radioactifs traités en France, selon l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) : 99,8 % de la radioactivité, mais seulement 3,1 % du volume total de déchets. Le volume de déchets radioactifs produit par habitant chaque année correspond par ailleurs à moins de 500 cm3, soit un volume de 0,5 litre.
Le coût du démantèlement
Mise en service entre les années 1980 et 1990, la majeure partie du parc nucléaire français va atteindre sa durée initiale d’exploitation, à savoir 40 ans, au cours de la prochaine décennie. EDF estime qu’il faut entre 350 et 400 millions d’euros pour la déconstruction d’une centrale, soit 10 % environ du coût de l’investissement initial. Selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l’opération est constituée de 11 postes de dépenses : opérations préliminaires, arrêt, gardiennage, gestion des déchets, remise en état du site, etc.
Pour les deux réacteurs de Fessenheim, les premiers de la génération toujours actives en France à avoir été arrêtés en 2020, ce coût devrait avoisiner le milliard d’euros au total. Pour ceux qui suivront, l’énergéticien table sur des économies d’échelle. Mais certains craignent un dérapage financier, bien que le coût final soit en réalité encore largement méconnu, faute de références pour l’évaluer.