Combien ça coûte une barquette de fraises ? 

Les fraises sont les fruits des beaux jours. Les gariguettes débarquent sur les étals dès le début du printemps, tandis que la charlotte ou la ronde, qui supportent les grosses chaleurs d’été, peuvent garnir nos paniers jusqu’en novembre. 

Du fait de cette saisonnalité, leur prix est particulièrement volatile. « Il peut être très différent du matin au soir, explique Emeline Vanespen, représentante de l’association Fraises de France. Si la journée s'avère très chaude, les volumes vont affluer partout en France. Le prix à l’expédition va alors baisser drastiquement, car il y aura trop de production. » Fin juillet, le prix à l’expédition d’une barquette de 250 grammes de gariguettes du Sud-Ouest était en moyenne de 6,20 euros. Il était de 9,14 euros au début de la saison, en mars. La provenance fait aussi varier son prix : un kilo venu d’Espagne peut coûter seulement 1,99 euro… les 500 grammes !

Pour le producteur, le poste de dépense le plus important est la main d’œuvre: elle représente plus de 60 % de son coût de revient. « C’est une culture qui est récoltée à la main, car c’est un produit délicat. Il faut aussi planter à la main. Très peu de tâches sont mécanisées », détaille Emeline Vanespen.

Protection biologique intégrée

Pour les 40 % restants, les coûts de production changent selon les producteurs ou la variété. La commande de plans de fraisiers, notamment, coûte énormément d’argent au producteur. Pour éviter les risques sanitaires, les fraisiers sont en effet changés d’une année à l’autre. « Cela représente entre 50 et 70 centimes le plan. Pour un hectare, c’est entre 50 000 et 70 000 euros », explique la représentante de Fraises de France.

Elle poursuit : « Il y a ensuite le substrat, les engrais, la protection biologique intégrée – qui coûte bien plus cher que les produits phytosanitaires – l’amortissement des infrastructures pour protéger les récoltes, car la fraise se fait sous abri... » Et enfin, la rémunération du producteur, qui fluctue là encore selon les modes de gestion des exploitations. 

Une fois produite, les fraises sont commercialisées par un « metteur sur le marché ». Il s’agit généralement d’une coopérative qui collecte et revend la production de ses adhérents. Le prix pour le producteur va être lissé sur toute la saison, pour le sécuriser.

« Lorsque le prix de la fraise est très bas, il peut même arriver qu’elle vende à perte. Elle va par exemple vendre la barquette de fraises à 4 euros et payer le producteur 5 euros », détaille Emeline Vanespen. En moyenne, celle-ci évalue la part prise par la coopérative autour de 5 %.  

Les supermarchés rachètent la marchandise, puis appliquent la TVA, qui est de 5,5 % pour les fruits. Vient enfin la marge : « Elle peut aller de de 0 à 4 fois le prix d’achat », explique Emeline Vanespen. « Ça dépend du moment de la saison, de la référence des fraises et de la stratégie poursuivie par l’enseigne. Celle-ci peut ne pas faire de marge du tout, si elle décide d'appliquer une politique de promotion très offensive avec les fraises en produits d'appel. »