Economie

Comment être un carnivore le plus écolo possible

Pour savoir quelle viande choisir, il faut prendre en compte son score environnemental, mais aussi son mode de production.

Jessica Berthereau
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L’empreinte carbone moyenne d’un Français ou d’une Française est six fois supérieure à ce qu’elle devrait être pour pouvoir limiter le réchauffement climatique à +2 °C : elle pesait 11,2 tonnes équivalent CO2 en 2018 alors qu’elle devrait être comprise entre 1,6 et 2,8 tonnes.

Pour réduire cet impact, adopter un régime végétarien est l’une des actions individuelles les plus efficaces, permettant une baisse de 10 % de l’empreinte carbone, selon les calculs du cabinet de conseil Carbone 41.

Une alimentation végétalienne (sans aucun produit animalier) permettrait, elle, une réduction de 27 % de CO22. Pour autant, « il n’existe pas un régime unique qui sauvera la planète », prévient Joël Aubin, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).

Pour diverses raisons, liées à la culture et à la santé, difficile d’imaginer que la planète entière se convertisse au régime végétarien.

Le mieux, selon Joël Aubin, est « de limiter la consommation de produits carnés tout en en conservant une proportion suffisante pour équilibrer l’alimentation ».

Les protéines animales présentent en effet des apports nutritifs intéressants – acides aminés essentiels, fer, vitamine B12. Mais alors, quelle viande privilégier ?

Agneau ou poulet, la facture carbone diffère 

Elles n’ont pas toutes le même effet sur la planète, comme le démontre la base de données Agribalyse, qui recense l’impact environnemental de 2 500 produits agricoles et alimentaires3.

L’agneau arrive en tête avec un score environnemental par kilo de viande crue de 4,79, suivi par le bœuf à 2,77, le porc à 1,46 et le poulet à 0,66.

Ce score est calculé selon une méthodologie européenne qui prend en compte l’ensemble du cycle de vie du produit. Plus il est élevé, plus l’empreinte environnementale est lourde.

Privilégier l’élevage herbager

« L’impact environnemental est plus élevé chez les ruminants que chez des monogastriques comme le poulet ou le porc à cause des émissions de méthane d’origine digestive, explique Joël Aubin. Ensuite, l’impact est principalement dû aux rations que les animaux consomment ». 

C’est là que ça devient compliqué : le mode de production peut grandement influer sur l’empreinte environnementale d’une viande. Des bovins élevés en système herbager, c’est-à-dire principalement nourris à l’herbe, présenteront plus de bénéfices que ceux élevés en étable et nourris avec des aliments parfois venus de très loin.

Sans compter que l’élevage en système herbager « présente des aspects positifs en matière d’entretien des paysages, de biodiversité et de vitalité des territoires », souligne Joël Aubin.

Les scores environnementaux sont de bons points de repère pour les consommateurs, mais ils ont leurs limites, appuie le chercheur à l’Inrae. L’objectif ultime, pour lui, est de mieux valoriser l’entièreté des animaux consommés : « Sur le plan environnemental, le pire est de gâcher ou de perdre certaines parties d’un animal. Il y a donc toute une réflexion à mener sur l’équilibre entre les produits nobles et les co-produits des animaux et sur la valorisation de ces co-produits. » 

Sources

1. « Faire sa part ? Pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l’État face à l’urgence climatique », juin 2019
2. “Climate Benefits of Changing Diet”, E. Stehfest et alii, Climatic Change n°95, 2009
3. www.agribalyse.fr

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