Ces événements illustrent un phénomène plus large : certaines politiques environnementales, notamment climatiques, contribuent aux inégalités sociales si elles ne sont pas compensées. Le Rapport sur l’impact environnemental du budget de l’État, en annexe du projet de loi de finances pour 2021, a montré que le poids de la fiscalité verte serait plus de trois fois plus important pour les 20 % de Français les plus pauvres comparé aux 20 % les plus aisés.
La fiscalité verte, qui vise à taxer les activités et produits polluants pour inciter à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement, serait donc régressive, contribuant au renforcement des inégalités de pouvoir d’achat.
Fiscalité verte
La fiscalité écologique vise à taxer les activités et produits polluants pour inciter à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Elle a été mise en place à partir des années 1990 en Europe.
Pourtant, les mesures incitant ou obligeant à la transition sont nécessaires pour limiter le réchauffement climatique. D’autant plus que, là encore, les populations les plus pauvres sont les premières impactées par le réchauffement du fait de leurs conditions de vie plus précaires.
De nombreuses voix s’élèvent donc pour une meilleure prise en compte des impacts sociaux de la transition écologique.
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L’enjeu est désormais de transformer nos modes de production et de consommation en minimisant les inégalités qui pourraient en découler, au travers de mesures comme la redistribution des recettes de la taxe carbone vers les plus pauvres ou plus d’aides à l’isolation des logements. Ce qui est en jeu, c’est la diffusion de la transition dans tous les pans de la société.
Rose Vennin est junior project manager au sein de la coalition publique-privée Business for Inclusive Growth (B4IG) et déléguée au Y20 en charge des enjeux de développement durable (2020)
« Non, son but est l’être humain », par Thibaut Atché
La transition écologique est par définition une transformation systémique de notre modèle économique et social qui vise à lutter contre des défis tels que le changement climatique, la raréfaction des ressources, la perte accélérée de la biodiversité et la multiplication des risques sanitaires environnementaux.
Ainsi, de par sa nature et ses objectifs, la transition écologique vise à réduire les effets des pollutions environnementales, notamment celles qui sont liées aux activités industrielles telles que la pollution de l’air, de l’eau ou des sols.
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La réduction de ces pollutions, qui affectent surtout les populations les plus vulnérables, permettrait d’améliorer les conditions et l’espérance de vie de centaines de millions de personnes, notamment dans les pays émergents.
De plus, en France d’après l’Insee, 6,7 millions de personnes souffrent de précarité énergétique. La nouvelle loi climat prévoit de rendre obligatoire la rénovation des logements dits « passoires énergétiques » souvent loués à des ménages modestes.
Précarité énergétique
Difficulté qu’éprouve un ménage dans son logement « à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat".
En plus de limiter les effets du réchauffement climatique, cette mesure permettrait de réduire considérablement la facture énergétique de ces mêmes ménages et donc de lutter contre les inégalités sociales.
Pourtant, malgré ces quelques exemples, le chemin vers une transition écologique socialement juste est étroit. Une transition n’est par définition que le glissement d’un état d’équilibre vers un autre. L’impact social des changements induits dépend fortement de la manière dont cette transition est et sera menée.
Avons-nous, aujourd’hui, les bons outils pour conduire cette transition écologique de manière juste et efficace ? Il est légitime d’en douter fortement. Des changements fondamentaux dans la manière dont nous percevons le monde seront indispensables pour que le monde de demain soit vraiment meilleur que celui d’aujourd’hui, ou d’hier.
Parmi ces mutations, une nouvelle définition du PIB qui prendrait en compte les impacts négatifs des activités humaines apparaîtrait, par exemple, comme un moyen de repenser l’économie et d’orienter l’industrie mondiale vers un chemin plus durable et vertueux.
Thibaut Atché est responsable commercial de Camfil France pour l’Afrique, ancien élève des Mines d’Alès et délégué au Y20 chargé des enjeux de développement durable et d’environnement (2021)