Aujourd’hui, l’eau douce produite à partir de l’eau de mer répond à environ 1 % des besoins mondiaux en eau, selon l’International Water Association. Pourtant, 40 % de la population mondiale vit à moins de 100 kilomètres de la mer, et 25 % sur le littoral, à moins de 25 kilomètres.
Une idée a donc fait son chemin depuis 40 ans : utiliser l’eau de mer, une ressource presque illimitée, stable et peu coûteuse, pour produire de l’eau douce, utilisable par la population pour la boisson et l’hygiène, mais aussi par les industries.
Aujourd’hui, selon l’ONU, un peu moins de 16 000 usines de dessalement fonctionnent dans le monde, qui représentent au total une capacité de production de 95 millions de mètres cubes par jour. Mais la cartographie de ces usines révèle que le dessalement, du fait du coût des investissements, reste largement réservé à des pays riches.
Près de la moitié des usines se trouvent au Moyen-Orient (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Koweït) et en Afrique du Nord. La Chine et les États-Unis sont également bien dotés, tandis qu’en Europe, c’est l’Espagne qui produit la moitié de l’eau dessalinisée.
Les pays plus modestes, voire pauvres, qui utilisent le dessalement comme source principale d’approvisionnement en eau, le font du fait de leur situation insulaire : il s’agit par exemple des Maldives, Antigua et la Barbarde, Malte, Chypre ou les Bahamas.
Et ces usines sont de toute petite capacité au regard des installations dans les pays plus aisés. La baisse du coût des technologies de dessalement et, à l’inverse, l’augmentation du coût des approvisionnements en eau devraient, selon l’ONU, favoriser cette solution pour fournir de l’eau douce à travers le monde.
Cela dit, dessaler l’eau de mer a également des impacts négatifs sur l’environnement et notamment sur les océans et les mers elles-mêmes. En effet, les « boues » résiduelles ou saumure, issues de la filtration de l’eau, sont extrêmement riches en sel et d’autres composants chimiques agressifs pour les écosystèmes marins.
Or, précise l’ONU, 142 millions de mètres cubes de saumure sont rejetés chaque jour dans le milieu naturel, soit presque deux fois plus que la quantité d’eau produite !
On pourrait exploiter cette saumure comme une ressource, par exemple pour la pisciculture ou la production de certaines plantes aquatiques aux nombreux débouchés, comme la spiruline. Une autre piste : extraire et utiliser dans l’industrie le sel contenu dans les saumures.
Même chose pour tous les éléments chimiques présents dans la saumure : magnésium, gypse, chlorure de sodium, calcium, potassium, chlore, brome, lithium… Cela permettrait, par ricochet, de diminuer l’exploitation minière.
Autre piste envisagée : re-mélanger les saumures avec de l’eau moins salée pour la rendre moins nocive pour l’environnement. Bref, il est possible de transformer ce problème environnemental en opportunité économique.