- Accueil
- Environnement
- Transport
Le lourd bilan climatique du low cost aérien
Environnement
Le lourd bilan climatique du low cost aérien
Innovation disruptive par excellence, le low cost attaque le marché par le bas, ciblant les clients en quête de simplicité et de fonctionnalité. Un coût pas si low pour l’environnement.
Julie Desrousseaux
© pixabay
Le low cost, une offre simplifiée, des coûts bas
- L’essentiel est garanti. Les études montrent que le low cost est aussi sûr et plutôt plus ponctuel que les compagnies classiques.
- Le superflu devient optionnel et payant. Confort, bagage en soute, fréquence des vols, garantie de correspondance, journaux/ nourriture à bord, billet flexible, aéroports primaires…
- Stratégie de prix agressive. Pris la veille, le billet Ryanair peut coûter six fois plus que trois mois avant.
- Baisse des coûts. Les coûts sont inférieurs de 60 % à 70 % à ceux des compagnies classiques, grâce à la densification du nombre de sièges et à la rapidité des rotations (11 h vol/jour/appareil contre 9 h pour les compagnies classiques).
Le low cost a conquis le marché
- Les compagnies low cost ont cannibalisé les parts de marché depuis le début des années 2000. Elles sont plus performantes que les compagnies classiques : Ryanair a fait 19 points de marge opérationnelle de plus qu'Air France en 2015.
Le low cost, ce gros pollueur
- Spécialisé sur les trajets courts, le low cost aérien concurrence le train qui crée 79 % moins d’émissions. Le low cost attire des voyageurs qui, sinon, ne prendraient pas l’avion. Ryanair a multiplié le trafic sur les lignes Royaume-Uni-Bergerac par 19 entre 2000 et 2017. Un vol de moins de 500 km produit 85 % fois plus d’émissions au km qu’un vol de plus de 2 000 km.
Le transport aérien, ce pollueur non-payeur… en Europe !
Un rapport de la Commission européenne réalisé en 2018 et « fuité » en mai 2019, corroboré par les analyses du think tank Transport & Environnement, montre que le transport aérien est sous-taxé en Europe par rapport aux autres marchés aériens, notamment la Chine et les États-Unis.
La commission évalue l’impact économique de trois scénarios de taxation du secteur (TVA harmonisée sur les billets d’avion, taxe kérosène, suppression des autres taxes sur les billets d’avion). Conclusion : l’introduction d’une taxe européenne sur le kérosène de 0,33 euros/litre augmenterait de 10 % le prix des billets, réduirait le trafic de 11 % ainsi que les émissions de CO2 européennes de 11 % et les victimes de pollution sonore de 8 %, sans impact dans aucun pays sur l’emploi ou le PIB.
Surtout, elle augmenterait les recettes fiscales issues de l’aérien de 10 milliards d’euros actuellement à 26,9 milliards d’euros (+169 %). La taxe kérosène rapporterait à la seule France 3,5 milliards d’euros, soit l’équivalent de la moitié des dépenses de transition énergétique du budget français en 2018.
L’introduction d’une TVA sur les billets d’avion harmonisée au niveau allemand (19 %) aurait les mêmes effets, mais plus poussés (-19 % sur le trafic, 40 milliards de recettes fiscales, -18 % d’émissions de CO2). L’abolition des taxes sur les billets d’avion, recommandée par des études sponsorisées par des industriels du secteur, aurait des effets inverses : hausse du trafic (+4 %) et des émissions de CO2 (+4 %), perte de 74 % des recettes fiscales tirées de l’aérien.