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Loin d'être « mort et enterré, le nucléaire refait surface »

Pour honorer la demande mondiale d’électricité et tenir les objectifs climatiques 2050, il faudra augmenter la production de nucléaire. Ce n’est pas une option, estime Julie de la Brosse dans sa chronique.

Julie de la Brosse
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© Jean Marie HOSATTE/REA

On le croyait mort et enterré avec le tsunami qui a balayé la centrale de Fukushima, en 2011. Mais depuis quelque temps, le nucléaire semble refaire surface, notamment en Europe, où les débats font rage pour savoir si l’énergie atomique pourra bénéficier de la classification en cours sur les investissements durables (la fameuse taxonomie).

Le contentieux est violent entre la France et l’Allemagne, la première cherchant à défendre les intérêts d’une industrie jugée stratégique, la seconde souhaitant définitivement clôturer l’histoire de cette énergie controversée.

Alors, comment expliquer ce retour en grâce du nucléaire ? Déjà, il convient de nuancer cette première idée reçue : depuis Fukushima, il n’y a pas eu d’arrêt du nucléaire, mais un déplacement de son centre de gravité vers… l’Asie. Avec des besoins en électricité qui explosent, la Chine investit massivement dans toutes les énergies, y compris le nucléaire. Ainsi, sur les 66 réacteurs mis en service depuis 2011, 38 sont basés en Chine.

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C’est aussi une question de géopolitique

Sur le fond, les inquiétudes liées au réchauffement climatique expliquent bien sûr cet engouement. Qu’il s’agisse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ou de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), toutes les instances internationales concernées en témoignent : pour répondre à la hausse de la demande mondiale d’électricité et tenir nos objectifs climatiques à l’horizon 2050, il faudra augmenter la production de nucléaire.

Par ailleurs, le chaos énergétique qui gagne progressivement l’Europe, avec une flambée inédite des prix de l’énergie, contribue à relancer l’option nucléaire. En Europe de l’Est, de nombreux pays (comme la Pologne) trop dépendants du gaz russe ont annoncé des programmes d’investissement massifs.

Dessin humoriste nucléaire partout

« C’est juste une mode. Ici, il y a d’abord eu un disquaire, puis un vidéoclub, puis des cigarettes électroniques. Le nucléaire, ça ne durera pas. » Illustration : Érik Tartrais. 

Comme toujours avec cette énergie née de la bombe atomique, la dimension géopolitique n’est jamais très loin. Depuis 2020, les Américains, qui craignent de se faire distancer par la Russie et la Chine, financent massivement les petits réacteurs modulaires (les SMR), présentés comme l’avenir du nucléaire.

C’est d’ailleurs l’un des arguments mis en avant par les défenseurs de l’atome en France : si la taxonomie exclut le nucléaire, l’Europe n’aura plus d’autre choix que de s’équiper en réacteurs russes, chinois ou américains. De quoi alimenter les débats de la prochaine présidentielle. Actuellement, sur les huit principaux candidats déclarés, cinq se sont déjà déclarés en faveur de l’atome.