L'essentiel
- Le groupe Imerys prévoit d’ouvrir une mine de lithium dans l’Allier à partir de 2027.
- Rouvrir des mines semble indispensable pour réduire la dépendance à la Chine, leader mondial des métaux rares.
- Tout l'enjeu est de limiter les externalités négatives (pollution, empreinte carbone...) sur les territoires en question.
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« En France, on n’a pas de pétrole, mais on a du lithium », a lancé Emmanuel Macron, faisant ainsi écho au slogan né lors de la crise pétrolière de 1973. Valéry Giscard d’Estaing avait alors tenté de mobiliser les Français autour d’un certain nombre de mesures (dont le passage à l’heure d’été) pour répondre au renchérissement du pétrole.
Ce même contexte se retrouve aujourd’hui avec l’explosion des prix de l’énergie, des matières premières et la course aux métaux rares. Emmanuel Macron a ainsi appelé de ses voeux l’ouverture de mines de lithium respectueuses de l’environnement sur notre territoire.
Un premier projet d’envergure a été annoncé par Imerys par l’intermédiaire de son Directeur Général Alessandro Dazza. Le leader mondial des spécialités minérales pour l’industrie se lance dans un projet majeur d’exploitation lithium ("le projet Emili"- Exploitation de MIca Lithinifère par Imerys) sur son site de Beauvoir (département de l'Allier, France), qui produit du kaolin pour la céramique depuis la fin du XIXe siècle. Cette mine renfermerait, selon les études, une forte concentration d’hydroxyde de lithium dans ses profondeurs. Une bonne nouvelle ?
L'essentiel
- Le groupe Imerys prévoit d’ouvrir une mine de lithium dans l’Allier à partir de 2027.
- Rouvrir des mines semble indispensable pour réduire la dépendance à la Chine, leader mondial des métaux rares.
- Tout l'enjeu est de limiter les externalités négatives (pollution, empreinte carbone...) sur les territoires en question.
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« En France, on n’a pas de pétrole, mais on a du lithium », a lancé Emmanuel Macron, faisant ainsi écho au slogan né lors de la crise pétrolière de 1973. Valéry Giscard d’Estaing avait alors tenté de mobiliser les Français autour d’un certain nombre de mesures (dont le passage à l’heure d’été) pour répondre au renchérissement du pétrole.
Ce même contexte se retrouve aujourd’hui avec l’explosion des prix de l’énergie, des matières premières et la course aux métaux rares. Emmanuel Macron a ainsi appelé de ses voeux l’ouverture de mines de lithium respectueuses de l’environnement sur notre territoire.
Un premier projet d’envergure a été annoncé par Imerys par l’intermédiaire de son Directeur Général Alessandro Dazza. Le leader mondial des spécialités minérales pour l’industrie se lance dans un projet majeur d’exploitation lithium ("le projet Emili"- Exploitation de MIca Lithinifère par Imerys) sur son site de Beauvoir (département de l'Allier, France), qui produit du kaolin pour la céramique depuis la fin du XIXe siècle. Cette mine renfermerait, selon les études, une forte concentration d’hydroxyde de lithium dans ses profondeurs. Une bonne nouvelle ?
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1. Extraire du lithium en France, un enjeu économique non négligeable
Sur le site de l’Allier, ce ne sont pas moins de 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium qui pourraient être extraites pendant 25 ans. La production pourrait commencer en 2028. Imerys deviendrait alors avec cette exploitation l’un des plus gros fournisseurs du marché européen. Ce sont 700 000 batteries par an qui pourraient équiper les véhicules électriques.
Afin d’arriver à ces objectifs, les investissements sont colossaux. Un milliard d’euros est nécessaire pour arriver à un prix de production du lithium entre 7 et 9 € du kilo, prix qui devrait pouvoir garantir un retour sur investissement confortable, notamment en écoulant la production sur le marché européen. Imerys souhaite lever les fonds notamment en sollicitant les constructeurs automobiles. Cela leur permettrait de sécuriser leur chaîne de valeur dès l’approvisionnement en matières premières, ce qui jusqu’ici n’était pas une mince affaire.
Chaîne de valeur
Processus permettant de décortiquer la chaîne d’activités d’une entreprise pour évaluer la façon dont chaque activité contribue (ou non) à l’obtention d’un avantage compétitif et à la création de valeur. Le but est d’aider une entreprise à augmenter ses marges en réduisant le coût des différentes activités de la chaîne de valeur ou en la modifiant. Le concept de chaîne de valeur a été créé dans les années soixante-dix par Michael Porter, professeur de stratégie à l’Université Harvard et consultant.
Les prévisions de profit liées à l’exploitation de lithium sont telles que d’autres sociétés sont sur le coup et souhaitent exploiter le sol français. Ainsi, la start-up australienne Vulcan Energy lorgne sur la région Alsace pour répondre à la "forte demande" de ses clients et y débuter une expansion stratégique avec le développement de son projet Zero Carbon Lithium.
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Pour le tissu économique local, c’est aussi une bonne nouvelle. La nouvelle exploitation lancée par Imerys devrait créer 1 000 emplois directs et indirects. De quoi convaincre les riverains et rendre ce projet acceptable ? Le village le plus proche s’appelle Echassières. L’ancien maire d’Echassières a d’ailleurs pris la parole pour saluer le professionnalisme d’Imerys en termes de savoir-faire et d’exploitation minière considérant que cela s’est toujours très bien passé avec l’environnement direct.
Acceptabilité sociale
Assentiment de la population à un projet ou à une décision résultant du jugement collectif que ce projet ou cette décision est supérieur aux alternatives connues, y compris le statu quo. Cette acceptabilité sociale se situe en dehors du cadre gouvernemental et législatif et est parfois présentée comme symptomatique des insuffisances de la démocratie représentative. Elle est très souvent mise de l’avant à l’échelle locale ou régionale et peut concerner tous les types de projet, qu’il s’agisse de développement résidentiel ou industriel, de projet de parc éolien…
2. L'obligation de réduire la dépendance à la Chine
Bien que le lithium soit le 33ième élément le plus abondant sur terre, il n’en reste pas moins difficile à extraire car, très réactif, il n’est pas trouvé directement sous forme métallique.
Le lithium est une ressource que l’on trouve essentiellement en Chine, au Chili, en Argentine et en Australie. L’Union européenne avait qualifié l’approvisionnement en lithium de « critique », compte tenu de la dépendance à un nombre très restreint de fournisseurs. La recherche de circuits courts est donc une priorité. Une exploitation en France dans l’Allier est un pas fait dans la bonne direction pour rendre la France et l’Europe moins dépendante de l’étranger sur une ressource rare et indispensable à une transition énergétique maîtrisée.
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Dans un contexte où l’arrêt des ventes de véhicules thermiques en 2035 a été programmé par les autorités, la nouvelle est une aussi bouffée d’oxygène pour tout le secteur automobile, secteur qui est l’un des fleurons de l’industrie Française.
D’une façon plus globale, en couplant sécurisation des approvisionnements en lithium à l’investissement dans le nucléaire pour produire une électricité décarbonée, la France serait en mesure d’échafauder un « modèle qui se boucle. On ne dépendra plus du pétrole et du gaz » selon les mots d'Emmanuel Macron. Une ambition affichée fièrement et qui sonne comme un laisser-faire relatif mais réel qui aiguise de nombreux appétits.
3. Le défi de la durabilité
La notion de « durabilité » fait référence au rapport Brundtland rédigé en 1987 qui décrit le développement durable comme « un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs » . Le terme est depuis tombé dans l’usage courant. Il fait référence à l’interdépendance des phénomènes économiques, sociaux et écologiques et a fourni la base de la conception tridimensionnelle lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992.
Aujourd’hui l’extraction en Australie et en Amérique du sud, tout comme le raffinement en Chine sont extrêmement critiqués pour leur impact environnemental. Mais c’est aussi sur le plan social que ces approvisionnements sont montrés du doigt. Produire en France permet alors de bien mieux maîtriser l’impact humain.
Les salariés d’Imerys sont soumis au droit du travail Français, l’un des plus exigeants en terme de respect des droits sociaux au monde. Une production minière plus responsable tout en étant rentable est donc le pari audacieux pris par l’entreprise.
En termes environnementaux, les engagements du Directeur Général d’Imerys sont clairs : « Nous réduirons les émissions de CO2 sur l’ensemble de la chaîne de travail avec des émissions inférieures de moitié à celles de toutes les autres exploitations existantes. » De quoi rassurer : les externalités négatives seront sans doute inévitables mais limitées.
Externalités négatives
Situation dans laquelle un agent économique provoque par son activité des effets négatifs sur la société. Par exemple : la pollution d’une usine, qui inflige une nuisance à un lieu, un agriculteur qui utilise des néonicotinoïdes qui tuent les abeilles.
La méthode se veut en effet exemplaire. En dehors de l’utilisation d’un mix électrique sur site à faible émission de carbone, les techniques d’extraction annoncées permettront de réduire à la fois la consommation d’eau ainsi que le rejet des produits toxiques. La mine ne se fera pas à ciel ouvert mais dans des galeries souterraines. Elle ne génèrerait alors ni bruit ni poussière pour les riverains. Cette idée d’extension qui permettrait l’exploitation du lithium en sous-sol cantonnerait également le nombre de kilomètres carrés concernés. De plus, tous les trous successifs qui seraient faits seraient comblés avec les gravats une fois exploités.
L’engagement écologique touche aussi le transport. Ainsi, l’acheminement du minerai jusqu’à l’usine où il est transformé en hydroxyde de lithium sous forme de poudre ne se fera pas par camion mais par voie ferrée. Un tunnel d’une dizaine de kilomètres vers la gare la plus proche sera construit. Cette forme de circuit court est mis en avant par Imerys comme une prise en compte majeure de la durabilité.
L’empreinte écologique devrait donc être effectivement plus faible que ce qui fait actuellement ailleurs dans le monde. Un engagement qui reste à confirmer dans les faits, les organisations non gouvernementales (ONG) sont déjà mobilisées pour jouer leur rôle de lanceur d’alerte en cas de dérapage.
Dans le programme de SES
Terminale. « Quelle action publique pour l'environnement ? »
Seconde. « Comment crée-t-on des richesses et comment les mesure-t-on ? »