Environnement

À quoi s'attendre avec la planification écologique annoncée par Emmanuel Macron ? 

Le Secrétariat général à la planification écologique, créé par Élisabeth Borne il y a bientôt à un an n'a pas fait beaucoup parler de lui. Un plan d’action a été annoncé par le Président de la République pour juin.

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© DENIS/REA

Même sans aller jusqu’à la décroissance, rompre avec certains modes de production et de consommation demandera un effort de long terme. Encore faut-il le planifier. Il existe depuis peu une institution qui poursuit ce but : le Secrétariat général à la planification écologique, créé le 7 juillet 2022 après la constitution du gouvernement d’Élisabeth Borne. Il dispose d’une quinzaine de collaborateurs (ingénieurs, experts des questions environnementales, financières et économiques, spécialistes de la mobilisation).

Antoine Pellion dirige ce secrétariat. Passé par Total, Areva et Enedis, cet ingénieur en chef des Mines avait aussi conseillé Ségolène Royal, alors ministre de l’Écologie, en 2014. En plus de sa mission au secrétariat, il est aussi, au sein du cabinet de la Première ministre, chef du pôle Écologie, Transports, Énergie, Logement et Agriculture.

Sous ses ordres, l’équipe du secrétariat se compose de trois pôles1. Le pôle « Ambition » veille à la mise en place des actions décidées pour atteindre les objectifs écologiques du gouvernement et met en œuvre de nouvelles mesures si nécessaire. Le pôle « Impact » assure, via le pilotage d’indicateurs, le respect des feuilles de route à court, moyen et long terme. Le pôle « Engagement », enfin, assure la communication du secrétariat au sein même du gouvernement, envers les entreprises, les collectivités territoriales, la société civile et le grand public.

Planifier autrement

C’est sur ce dernier point qu’insiste le secrétariat dans sa planification écologique, « France Nation verte », publiée trois mois après sa création : un mode opératoire incluant l’échelle locale dans la prise de décision et la mise en œuvre. Si 22 chantiers y sont rapidement évoqués (eau, agriculture et pêche, construction et rénovation de logement par exemple), les engagements ne seront rendus publics qu'en juin et ils n’ont pas vocation à dépasser ceux de l’Accord de Paris (2015), à savoir : réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050.

S’il s’agit bien de la première planification destinée au climat, la France en a connu pour d’autres thématiques. La première remonte à 1946 et au commissariat général du Plan voulu par Charles de Gaulle. Productiviste, sa mission consistait à reconstruire l’économie française après la Seconde Guerre mondiale, à partir de Paris et dans les territoires. Aujourd’hui, planifier prend un autre sens. La journaliste américaine Naomi Klein disait 2 : « Il s’agit de réapprendre à planifier nos économies en fonction de nos priorités collectives et non plus des critères de rentabilité. » Cédric Durand3, économiste à l’Université de Genève, spécialiste des mutations du capitalisme contemporain, a établi quatre piliers pour une bonne planification écologique, dont un appareil statistique à la hauteur de l’enjeu. « Planifier suppose de connaître le présent et de formuler des scénarios plausibles pour l’avenir. Or la connaissance de l’impact environnemental des activités économiques est encore lacunaire. On ne dispose pas de suffisamment d’indicateurs riches et précis à même d’orienter la délibération et la décision. » Il ajoute : « Le quatrième pilier de la planification écologique, c’est la démocratie. En URSS, par exemple, […] l’autoritarisme induisait une faible légitimité politique du régime, mais aussi une faible connaissance économique : coupés de la société civile, les intellectuels planificateurs en savaient peu sur les besoins et les désirs des citoyens. »

1. Banque des territoires

2. Plan B pour la planète : le New Deal vert (Actes Sud, 2019)

3. « Covid-19 : après la crise… les crises. L’heure de la planification écologique », Le Monde diplomatique, mai 2020.

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