Pour investir dans les cryptomonnaies, mieux vaut avoir le cœur bien accroché… Confirmant leur nature spéculative, les devises virtuelles ont sombré au premier semestre 2022 : le bitcoin, la plus connue d’entre elles, a perdu plus de 70 % de sa valeur. Malgré un rebond au milieu de l’été, il affichait mi-juillet une perte de plus de 50 % depuis le début de l’année.
Les cryptomonnaies sont très sensibles aux aléas extérieurs… qui n’ont pas manqué ces derniers temps : à la brusque remontée des taux d’intérêt et au resserrement des politiques monétaires des principales Banques centrales s’est ajoutée la guerre en Ukraine, qui perturbe fortement l’économie mondiale.
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Cryptomonnaie
C’est un actif numérique virtuel, pas une véritable monnaie, qui repose sur la technologie de la blockchain et un protocole informatique crypté. Il permet des transactions sans frais et de manière anonyme.
Ces phénomènes ont logiquement provoqué une aversion au risque chez les investisseurs. Cette désaffection frappe aussi les marchés actions, mais elle est démultipliée dans les cryptomonnaies. Celles-ci sont en effet encore plus volatiles que les actions. Leur valeur ne repose sur aucun sous-jacent qui jouerait le rôle de référence stabilisante.
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Des caractéristiques propres
Une action, elle, correspond à une part de capital d’une entreprise possédant des actifs tangibles et exerçant une activité génératrice de flux de trésorerie et – en principe – de bénéfices (qui vont permettre de rémunérer les actionnaires sous forme de dividendes) ; une monnaie fiduciaire traditionnelle repose a minima sur des sous-jacents macroéconomiques. Enfin, une obligation, c’est-à-dire un titre de dette, bénéficie d’une priorité de remboursement en cas de faillite de l’émetteur.
En revanche, une monnaie virtuelle ne peut se prévaloir que de ses caractéristiques propres : les frais de transactions sont très faibles, la technologie sur laquelle elle repose (la blockchain) est censée offrir une protection accrue, contre le vol d’identité notamment, et son utilisation est aisée (un téléphone portable suffit).
Blockchain
Technologie transparente et sécurisée de stockage et de transmission d’informations, qui fonctionne sans organe central de contrôle.
Les « ponts » dévalisés
En dehors du contexte actuel très défavorable, l’écosystème des cryptomonnaies a souffert d’un flot de mauvaises nouvelles – certains parlent de crise profonde. Par exemple, les vols par piratage se sont multipliés cette année, les délinquants s’attaquant aux logiciels de « pont », chargés de transférer les cryptomonnaies entre différentes blockchains.
Cette année, plus d’un milliard de dollars ont été volés aux ponts, selon la société d’analyse Elliptic. Ces épisodes ont fait apparaître une faiblesse là où résidait l’un des points forts du système : sa quasi-inviolabilité.
D’autres accidents ont fragilisé l’édifice, comme la faillite du hedge fund Three Arrows Capital et celle des prêteurs Celsius Network et Voyager Digital, ou l’effondrement des « stablecoins » (cryptomonnaies dont le prix est indexé sur celui d’une autre devise virtuelle, d’une monnaie fiduciaire ou d’un actif négocié en Bourse) TerraUST et Luna.
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Le rêve des cyberlibertaires de la fin des années 1980 – créer des monnaies d’échange indépendantes des Banques centrales et du système bancaire – est enterré : le marché, encore restreint et peu transparent, est déjà structuré par des fonds d’investissement, des courtiers, des plateformes de négoce, des prêteurs, tandis que des produits dérivés complexes sur cryptoactifs représentent désormais la moitié de ce marché.