Née dans les années 1970, la finance islamique contemporaine a connu une forte progression ces dernières années : elle est passée de 700 milliards de dollars d’actifs sous gestion en 2008 à 2 500 milliards dix ans plus tard.
Cette croissance devrait se poursuivre : le marché pourrait atteindre 4 000 milliards de dollars en 2023, selon les projections du rapport annuel de Thomson Reuters sur l’économie islamique (PDF). Cette finance se développe surtout au Moyen-Orient, en Asie (la Malaisie est le premier marché mondial) et en Afrique.

En Europe, son plus gros marché est le Royaume-Uni, la place de Londres étant l’un de ses centres financiers de référence.
Investissement positif
Qu’est-ce qui différencie la finance islamique de la finance classique ? « La finance islamique s’ajoute des contraintes : on fait de la finance de façon responsable en réduisant le champ des possibles », explique Kader Merbouh, directeur de l’Executive Master « Principes et pratiques de la finance islamique » de l’Université Paris Dauphine.
Née dans les années 1970, la finance islamique contemporaine a connu une forte progression ces dernières années : elle est passée de 700 milliards de dollars d’actifs sous gestion en 2008 à 2 500 milliards dix ans plus tard.
Cette croissance devrait se poursuivre : le marché pourrait atteindre 4 000 milliards de dollars en 2023, selon les projections du rapport annuel de Thomson Reuters sur l’économie islamique (PDF). Cette finance se développe surtout au Moyen-Orient, en Asie (la Malaisie est le premier marché mondial) et en Afrique.

En Europe, son plus gros marché est le Royaume-Uni, la place de Londres étant l’un de ses centres financiers de référence.
Investissement positif
Qu’est-ce qui différencie la finance islamique de la finance classique ? « La finance islamique s’ajoute des contraintes : on fait de la finance de façon responsable en réduisant le champ des possibles », explique Kader Merbouh, directeur de l’Executive Master « Principes et pratiques de la finance islamique » de l’Université Paris Dauphine.
Ces contraintes, ce sont les principes éthiques issus du droit musulman des affaires, comme la prohibition de l’intérêt ou l’interdiction d’investir dans des secteurs considérés comme ayant des impacts négatifs sur la société, tels que l’armement, le tabac ou l’alcool. Les services bancaires et produits financiers développés dans le cadre de la finance islamique doivent donc être conformes à ces principes.
Prenons l’exemple d’un achat immobilier. Dans la finance conventionnelle, le client obtient un prêt avec un taux d’intérêt calculé en pourcentage de la dette : un taux de 3 % signifie que pour un emprunt de 100 euros, le client devra payer chaque année 3 euros jusqu’à ce que le prêt soit remboursé.
Dans la finance islamique, « la banque achète le bien immobilier et le revend à son client avec une marge partageant ainsi le risque avec son client, explique Kader Merbouh. La finalité est la même (acheter un bien) mais le mode opératoire est différent. C’est comme pour un steak halal : on ne voit pas la différence avec un steak non halal une fois dans l’assiette, mais la procédure est différente. »
Amalgames post-2015
En France, la finance islamique est arrivée sur le devant de la scène après la crise financière de 2008 qui avait été provoquée notamment par la vente de produits financiers extrêmement complexes, voire toxiques.
« C’est une finance simple, dont deux autres grands principes sont l’investissement dans l’économie réelle et la tangibilité des actifs, c’est-à-dire que la banque doit détenir ce qu’elle vend », souligne Kader Merbouh. C’est pourquoi la finance islamique s’est révélée beaucoup plus résistante que la finance conventionnelle lors de la crise.
Éco-mots
Économie réelle
Désigne la partie de l’activité économique qui concerne la production de biens et services, par opposition à la sphère financière regroupant les échanges réalisés sur les marchés financiers.
« Malheureusement, le développement de cette finance en France s’est ralenti depuis les attentats de novembre 2015 à cause des amalgames faits autour de sa dénomination d’islamique », regrette Kader Merbouh.
Selon lui, cette forme de finance gagnerait à changer de nom pour être appelée finance halal, finance éthique ou finance religieuse. Car « c’est une finance éthique et responsable qui partage les valeurs d’autres formes de finance alternative comme l’investissement socialement responsable », conclut Kader Merbouh.
Le prêt avec intérêt ? Saint Thomas d’Aquin aussi était contre
Pendant des siècles, l’Église catholique a interdit le prêt rémunéré, se fondant sur l’Évangile selon saint Luc (chapitre 6, versets 34 et 35) : « Prêtez sans rien attendre en retour. » Cette interprétation par l’Église visait à protéger les emprunteurs dont la grande majorité était des pauvres qui s’endettaient auprès des riches.
L’interdiction est renforcée aux différents conciles de Latran (XIIe siècle). Saint Thomas d’Aquin fait avancer la réflexion en traitant la question non pas sous le prisme de la charité, mais en interrogeant le rôle de la monnaie. Sa « doctrine de l’usure » considère l’argent comme un outil d’échange et de mesure de la valeur, et non comme une utilité en soi.
Pour lui, il n’est pas tolérable de faire de l’argent avec de l’argent. Le prêt à intérêt est au contraire autorisé chez les protestants. Calvin (XVIe siècle), fondateur de la religion réformée, distingue les « prêts de secours » des « prêts de production », qui aident à financer les entreprises.
Si le prêteur prend des risques, Calvin estime la rémunération alors légitime. L’Église catholique assouplira sa position au XVIIe siècle, avant de rendre finalement légitime le paiement d’intérêt par une loi canonique de 1918.