Malgré la pandémie, la finance a connu deux années exceptionnelles : après un plongeon, en mars et en avril 2020, l’activité a atteint un niveau record, à la fois sur les marchés et pour les fusions-acquisitions d’entreprises (M & A). Elle a ralenti fin 2021 – tensions inflationnistes, puis guerre en Ukraine obligent.
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Cette évolution se retrouve sur la fiche de paie des professionnels de la finance, dont une part importante est variable. Les banquiers de Wall Street ont reçu, sous forme de bonus, 45 milliards de dollars au titre de 2021, selon le Contrôleur des comptes de l’État de New York. Un montant record, en hausse de 21 % par rapport à 2020, pour une moyenne de 257 500 dollars par tête. En France, BNP Paribas a versé 549,6 millions d’euros et la Société Générale 197,3 millions au titre de 2021.
Le bonus est le cœur du système de rémunération dans la finance. Il incite à mouiller la chemise. Dans les activités de conseil, par exemple lors d’une fusion (M & A) ou d’une entrée en Bourse, une banque est rémunérée à la commission.
Pour être retenue, elle doit disposer de collaborateurs aguerris et motivés à travailler beaucoup, souvent dans l’urgence. Dans le trading (négoce de titres sur le marché secondaire), une banque va encourager ses équipes à afficher les meilleurs rendements pour le compte des clients.
Il faut donc intéresser ces équipes à la performance. Parfois, un trader franchit la ligne rouge et prend trop de risques pour décrocher un gros bonus. On se souvient de l’affaire Kerviel à la Société Générale, en 2008.
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Moins pour les banquiers, plus pour les traders
Le bonus est aussi un moyen essentiel pour recruter et conserver des talents, tout en limitant la hausse des coûts fixes. Dans le conseil en fusion, les commissions que touchent les banques (fees) varient entre environ 0,5 % et plusieurs pour cent de la transaction, selon le montant de celle-ci, sa complexité et le nombre d’établissements mandatés par le client.
La banque conserve pour elle-même 75 % des commissions, le reste revenant à l’équipe qui a travaillé sur la transaction. Le poids du bonus dans la rémunération augmente avec le grade : dans les départements M & A, il peut représenter la moitié pour un analyste, 100 % pour un collaborateur et davantage pour les fonctions « seniors » – vice-président, managing director et partner (associé).
Les variables sont versés rituellement au cours du premier trimestre de l’année suivante : c’est la « saison des bonus ». Aux États-Unis, un bon millésime peut provoquer une flambée des prix de l’art contemporain ou une hausse de l’immobilier !
Ralentissement oblige, 2022 sera moins mirobolante. Le cabinet Johnson Associates estime que les bonus des banquiers devraient connaître une baisse de 15 % à 20 % dans les métiers du conseil et de 35 % à 40 % pour les émissions primaires sur les marchés.
Mais dans le trading, il s’attend à ce que la volatilité actuelle favorise l’activité des clients, donc des traders, dont les bonus pourraient progresser de 5 % à 20 %.