1. L’inflation aux États-Unis tire le dollar vers le haut
Les chiffres élevés de l’inflation en juin aux États-Unis ont fait grimper le dollar de 0,4 %. Une conséquence directe de la politique monétaire américaine. Pour endiguer la hausse des prix, la Réserve fédérale (Fed) remonte fortement ses taux directeurs, c’est-à-dire le coût d’un emprunt, entre 1,5 % et 1,75 % en juin contre 0 % à 0,25 % en mars.
Depuis début juin, la banque centrale réduit aussi le nombre de dollars disponibles. Après deux ans d’achats massifs d’actifs, 8 965 milliards circulaient en avril 2022, soit un record historique. La Fed décidait alors de brûler jusqu’à 47,5 milliards de dollars par mois pendant trois mois, puis jusqu’à 95 milliards mensuels. En juillet, les liquidités de la Réserve fédérale avaient déjà chuté à 8 892 milliards de dollars en juillet (- 0,8 % en trois mois).
Ces deux mécanismes ont rapidement renforcé la valeur du billet vert. Mais pendant ce temps, la Banque centrale européenne (BCE), responsable de la politique monétaire sur le Vieux continent, tardait à prendre le même chemin : la première remontée européenne des taux depuis onze ans interviendra finalement le 27 juillet prochain.
Lire aussi > Face à l’inflation, la BCE devait-elle (vraiment) agir ?
2. En Allemagne, le moral est mauvais
« La raison centrale du plongeon de l’euro ? Non pas les taux d’intérêt, mais une majeure révision à la baisse des estimations de la compétitivité européenne par les investisseurs financiers et donc de ce qu’ils pensent être la valeur soutenable à long terme de la devise européenne », lançait Paul Krugman dans une note intitulée « The meaning of the plunging euro », parue le 15 juillet. En effet, la confiance en l’économie allemande, quatrième puissance mondiale, est souvent scrutée pour sentir le pouls de toute l’économie européenne, notamment à travers un indice : le Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung (ZEW). Chaque mois, il sonde les perceptions de 350 analystes financiers allemands sur la conjoncture actuelle et à court terme. Au-dessus de zéro, les investisseurs se montrent plutôt optimismes ; en dessous, plutôt pessimistes.
Lundi 11 juillet, l’indice ZEW a chuté à - 53,8 contre - 28 en juin. À titre de comparaison, son niveau le plus bas atteignait - 64 en 2008. La publication de ce sondage est en partie responsable de la chute de l’euro sur les bourses de change.

3. Trop d’incertitudes liées à la guerre en Ukraine
Dans l’Histoire, ce sont essentiellement les tensions géopolitiques qui ont joué sur la valeur de la monnaie : l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014 avait fait chuter l’euro de 24 % à 1,05 dollar. Cette fois encore, la guerre en Ukraine, les sanctions économiques envers la Russie et les craintes concernant la dépendance énergétique européenne contribuent fortement à tendre les marchés et diminuer la confiance en l’euro (alors que le rouble s’envole).
Lire aussi > Faire payer le gaz russe en rouble, quel est l’intérêt du coup de poker de Poutine ?
Alors quelles conséquences ?
La valeur d’une monnaie fait directement varier le coût des importations. Si elle s’affaiblit, faire venir des produits de l’étranger va coûter plus cher. La BCE estime qu’une baisse de 1 % de l’euro pourrait faire augmenter de 0,3 % le coût des importations, en un an dans les pays de la zone euro.
Néanmoins, la dévaluation d’une monnaie n’a pas que des inconvénients. Elle a tendance à doper les exportations. Les biens produits en France vont coûter moins cher pour l’étranger, ce qui stimulera leur attractivité. Louis Gallois, l’ex-PDG d’Airbus, disait, selon Les Échos, qu’une baisse de 10 centimes de l’euro face au dollar se traduisait par 1 milliard d’euros de bénéfices en plus pour l’entreprise.
Lire aussi > Une monnaie forte, c’est bon pour l’économie
Ce rapport de force entre les deux monnaies est aussi une bonne nouvelle pour le secteur agroalimentaire, largement exportateur. Beaucoup moins pour la facture énergétique, tant on importe de gaz et autres combustibles en Europe.