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Silicon Valley Bank. Pourquoi la Fed est-elle intervenue comme prêteur en dernier ressort ?
C’est la plus grosse faillite bancaire depuis la crise financière de 2008. La banque centrale américaine est intervenue en 48 heures, entre le 10 et 12 mars, pour sauver les clients de « LA banque de la tech » et ainsi limiter l’effet domino sur le reste du système financier.
Jeudi 9 et vendredi 10 mars, les clients de la Silicon Valley Bank (SVB) commençaient à retirer massivement leurs fonds, plaçant l’établissement en crise de liquidité (à ne pas confondre avec la crise de solvabilité). De quoi interroger la gestion du risque de « la banque de l’écosystème tech » : la non-adéquation dans le temps entre ses actifs et ses dépôts exigibles est jugée gravement défaillante.
Spécialisée dans le capital-risque - c’est-à-dire le financement d’entreprise à risque mais à fort potentiel, via la prise de participation -, la SVB a été fermée administrativement, vendredi 10 mars dans la matinée, par l’autorité de garantie des dépôts américains : la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC).
C’est la plus grosse faillite bancaire depuis la crise financière de 2008 et la chute de Lehman Brothers. Seizième institution bancaire américaine, la SVB détenait l’équivalent de 197 milliards d’euros d’actifs (210 milliards de dollars). Too big to fail (trop grosse pour chuter) ?
Légende : En un an, la valeur de l’action SVB est passée de près de 600 dollars à à peine plus de 100 dollars, soit un investissement divisé par six pour les actionnaires.
Oui, si l’on en croit la réaction de la Réserve fédérale (Fed) : la Fed a annoncé, dans le week-end, une « exception de risque systémique » et la garantie des dépôts de tous les clients jusqu’à 100 % des sommes déposées (contre 250 000 dollars - 235 000 euros - maximum en temps normal).
Lire aussi > C'est quoi, la Fed ?
Éco-mots
Risque systémique
Forte probabilité d’un dysfonctionnement majeur, voire de l’effondrement, du système financier entier à cause des interrelations entre les différentes institutions et les différents marchés. Ce risque peut s’étendre sur une vaste zone géographique ou se propager à échelle planétaire, via des effets dominos, puis des faillites en chaîne.
Seuls les déposants sont concernés par le sauvetage
Mais les actionnaires de SVB et certains porteurs d’obligations ont été exclus de ce dispositif. « Pendant la crise financière [de 2008], il y a eu des investisseurs et des propriétaires de grandes banques systémiques qui ont été renfloués, a déclaré Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain, le dimanche 12 mars. Les réformes qui ont été mises en place signifient que nous n’allons pas recommencer. Nous sommes préoccupés par les déposants et nous nous efforçons de répondre à leurs besoins. »
Activant son rôle de prêteur en dernier ressort, la banque centrale américaine finance ainsi, grâce à une ligne de crédit de 25 milliards de dollars, les établissements qui pourraient faire l’objet d’une panique bancaire.
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Éco-mots
Prêteur en dernier ressort
Garantes du bon fonctionnement des marchés financiers et de la stabilité du système, les banques centrales, comme la BCE ou la Fed, sont des prêteurs en dernier ressort. Elles peuvent apporter, dans les cas d’urgence cités ci-dessus, des liquidités aux banques privés, après avoir épuisé toutes les autres possibilités auprès d’autres banques ou sur le marché monétaire.
Fallait-il agir ? Oui, selon Lawrence H. Summers, Secrétaire du Trésor américain sous Clinton et directeur du National Economic Council (Conseil économique national) sous Obama, dans un tweet, dimanche. « Agir de manière décisive et rapide est à la fois le moins cher pour les contribuables et le meilleur pour l'économie. (...) Il est également impératif de fournir un soutien suffisant aux autres banques pour assurer l'entière disponibilité des fonds déposés dans l'ensemble du système bancaire. Ce n'est pas le moment de donner des leçons sur l'aléa moral ou d'alarmer sur les conséquences politiques de ces "renflouements". Dans un second temps, en revanche, il y aura beaucoup à revoir concernant la gestion des risques, la réglementation, la comptabilisation des conventions de capital et ce que tout cela signifie pour les tests de résistance. »
Éco-mots
Désigne la situation dans laquelle un agent économique peut prendre des risques excessifs parce qu'il sait qu'il ne supportera pas toutes les conséquences négatives de ses actes. Par exemple, dans le cas de banques sauvées lors d'une faillite, l'aléa moral se produit lorsqu'elles prennent des risques excessifs en sachant que si des conséquences négatives arrivent, elles seront sauvées par les gouvernements ou les régulateurs financiers.
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Dans le programme de SES
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