Economie

Ukraine : Quel effet a la guerre sur les marchés financiers ?

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L’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait dégringoler, sans surprise, les cours des actions européennes. Mais les prix des obligations ont à l’inverse augmenté.

Michel Poiccard

Le 20 mai 2022, modifié le 20 mai 2022

Article à retrouver dans notre magazine complet ici.

La guerre entre la Russie et l’Ukraine a eu de nombreuses conséquences en matière économique, dont celle, qui semble évidente, de faire chuter les Bourses. Les indices retraçant la valeur des actions, qui avaient fortement progressé en 2021, ont effacé quasiment tous leurs gains depuis un an.

C’est une conséquence logique de l’envolée des prix des matières premières engendrée par le conflit, source des hausses de prix, qui vont obérer le pouvoir d’achat des consommateurs, et donc l’activité des entreprises, et par là même leurs profits.

Mais si les cours des actions ont sensiblement reflué, d’autres marchés financiers ont connu un mouvement inverse. C’est le cas du marché obligataire. Les obligations, émises par des États ou des entreprises, ont vu leur valeur grimper.

Éco-mots

Obligation

Une obligation est un morceau de dette émis par une entreprise, une collectivité territoriale ou un État. Lorsque l’une de ces entités (entreprise, collectivité ou État) souhaite se financer, les montants requis peuvent nécessiter l’intervention de nombreux créanciers. Vous pouvez devenir l’un de ces créanciers en « achetant » une obligation, c’est-à-dire une partie de cette dette. En plus du capital qui vous sera restitué à échéance fixe (en général, entre 5 à 30 ans), le débiteur s’engage à vous rémunérer périodiquement (tous les ans, ou tous les trimestres notamment) selon un taux d’intérêt fixe ou variable : c’est ce qui est appelé le coupon (rémunération d’une obligation).

Cela s’est constaté à travers la baisse des taux d’intérêt. En effet, quand la valeur d’une obligation augmente sur le marché, son taux d’intérêt baisse. Le lien peut paraître complexe, il est en fait très logique.

Prenons le cas d’un État empruntant 100 euros, émettant une obligation d’un même montant, en promettant de verser chaque année 5 euros au détenteur du titre, soit a priori 5 % : si le prix initial de l’obligation double sur les marchés, pour atteindre 200 euros, les 5 euros encaissés chaque année par l’acheteur de l’obligation au prix fort ne représenteront plus pour lui qu’une rémunération de 2,5 %.

Vague d’achats

Même si les prix des titres n’ont pas doublé, c’est bien un mouvement de ce type qui a été enregistré depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Les prix des emprunts d’État émis par la France et les autres pays européens ont fortement augmenté, à la suite d’une vague d’achats, et, mécaniquement, les taux d’intérêt ont reflué. Ce mouvement d’achat peut surprendre : pourquoi investir dans un tel contexte ?

En fait, les investisseurs ont choisi d’acheter des titres « sûrs ». En outre, alors qu’ils anticipaient une hausse des taux d’intérêt prochaine de la part de la Banque centrale européenne, ils ne la craignent plus : face à la crise, la BCE renoncera probablement à une telle décision, dans un avenir proche.

Or, les taux d’intérêt à long terme, qui sont fixés par les marchés à travers les prix des obligations, dépendent pour beaucoup des anticipations pour les années à venir des taux courts décidés par la BCE.

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Dessin : Erik Tartrais

Légende : « Non ce n'était pas un krach, j'ai plutôt entendu un boum. »

Marché financier