Economie

Analyse économique de film. Et si on vivait tous dans le métavers ?

Dans le film Ready Player One, la majorité de la population mondiale fuit une douloureuse réalité en investissant ses principales ressources (le temps et l’argent) dans un métavers ultra-complet : l’Oasis. Simple fiction ou avenir de l’humanité ?

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Illustration de l'article Analyse économique de film. Et si on vivait tous dans le métavers ?

© Ready Player One

« Dans l’Oasis, les limites de la réalité sont fixées par notre imagination, on y fait ce que l’on veut : surfer une vague de 15 mètres à Hawaï, skier sur les pyramides, escalader l’Everest avec Batman… », énumère, émerveillé, le narrateur, Wade Watts (Tye Sheridan)L’Oasis, c’est un metavers accessible à tous grâce à de simples casques de réalité virtuelle, devenu au fil du temps une société à part entière.

Ready Player One

Et la liste des activités offertes par le métavers géant ne se limite pas aux vacances : casino, discothèque, bibliothèque, salle de cinéma… « À part manger, dormir et aller aux toilettes, on fait tout dans l’Oasis », résume Wade, alias Parzival.

Bande-annonce de Ready Player One (2018)

Refuge virtuel

Seulement, si le métavers attire une majorité de la population mondiale de 2045, ce n’est pas juste en raison de ses promesses quasi illimitées de divertissement. 

Il est surtout un exutoire précieux à une réalité dans laquelle de multiples crises ont dégradé l’état du monde et appauvri une grande partie de la population : « Je suis né après les sécheresses et les émeutes de la bande passante qui ont fait des ravages partout. Quand au lieu de résoudre les problèmes, on se contentait de survivre. Je suis venu dans l’Oasis fuir un destin pourri… », narre le jeune orphelin, lui-même habitant d’un bidonville dans l’Ohio. 

Et le métavers offre aussi la possibilité, grâce aux avatars et à l’anonymat, d’une deuxième identité, promesse d’une liberté infinie : « On vient ici pour tout ce qu’on peut faire. Mais on y reste pour tout ce qu’on peut être : grand, beau, effrayant, d’une autre espèce, d’un autre genre, un personnage de film ou de dessin animé… On a le choix. »

Ready Player One

Parzival, l'avatar de Wade Watts

Un aimant à capitaux

La création du métavers répond à une telle demande à travers le monde qu’elle fait la fortune de son génie créateur, James Halliday, sorte de néo-Steve Jobs. « Halliday n’était pas seulement le propriétaire de la plus grosse entreprise du monde, c’était un Dieu. Les gens l’adoraient », explique Wade. 

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James Halliday, fondateur de l'Oasis

Mais geek rêveur et idéaliste plutôt qu’homme d’affaires, il est dépassé par le succès de l’Oasis, dont la monétisation et la régulation l’ennuient. Le virtuel a pourtant des conséquences bien réelles dans la vie quotidienne. 

Une mère de famille, tout à ses activités dans le métavers, laisse brûler sa cuisine, un homme mise tout son argent dans un jeu virtuel avant de tout perdre : « La revente de l’artefact magique aurait payé la baraque… », explique-t-il, penaud, à sa compagne.

Pire, une entreprise cupide, qui propose dans l’Oasis une sorte de microcrédit frauduleux, en profite pour asservir une partie de la population et la rendre esclave, dans le monde réel, des dettes contractées dans le métavers.

Making-of

Ready Player One

Ready Player One est l’adaptation au cinéma par Steven Spielberg du best-seller d’Ernest Cline, publié en 2011. Derrière ses nombreuses références ludiques à la pop culture des années 1980 et 90 (Tron, Akira, Le Géant de fer, Le Seigneur des anneaux, Retour vers le futur…), le film s’autorise une féroce critique des géants du web et de la financiarisation à outrance des espaces virtuels.

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