Un paiement indolore
Une première révolution, déjà amorcée, va entrer dans les mœurs : le paiement mobile. Très répandu en Chine avec Alipay et WeChat Pay, il s’installe aux États-Unis et perce en Europe à travers les plateformes Apple Pay, Google Pay et Samsung Pay.
Plus de deux milliards de personnes dans le monde devraient utiliser un portefeuille électronique pour payer ou transférer de l’argent cette année, un chiffre en hausse de 30 % par rapport à 2018, estime le cabinet Juniper Research.
Les plateformes simplifient l’expérience client (paiement via un QR code sur Alipay, identification via reconnaissance faciale sur Apple Pay ou reconnaissance d’iris avec Samsung Pay) et offrent des services associés (réservation de restaurant, recherche d’une place de parking via Alipay), séduisant les Millennials. Si la première utilisation demande un investissement (téléchargement de l’application, création de compte, saisie des coordonnées bancaires), les suivantes sont rapides, rendant le paiement indolore. Les banques et les entreprises, McDonald’s ou Total, par exemple, proposent également leur wallet facilitant le règlement lors du passage au guichet drive ou à la station-service.
La carte toujours n°1
En France, le phénomène demeure toutefois modeste avec seulement 10 millions de transactions via le mobile en 2018, contre 12 milliards par carte bancaire en 2017. « Les évolutions sont lentes, car il faut créer la confiance dans la nouvelle technologie », explique François Lecomte-Vagniez, fondateur de la société de conseil Lobary, spécialisée dans le digital. Il a ainsi fallu 10 ans pour que le paiement sans contact, lancé en 2007, se généralise dans l’Hexagone. Un autre frein : le gain relativement faible en termes d’expérience utilisateur quand on passe de la carte bancaire au paiement mobile. Certes, pas de ticket en fin de paiement et quelques services comme le stockage de places de concert ou de billets d’avion, mais pas de bouleversement… Quel que soit le support utilisé – Smartphone, montre, bague ou bracelet– celui-ci utilise in fine une carte et un compte associé. Digitalisée, la carte disparaît au moment de la transaction, mais elle opère toujours comme système de paiement.

La question des données personnelles
La carte elle-même est appelée à se transformer. La Société Générale et BNP Paribas en proposent une dont le cryptogramme à trois chiffres, généré par un mini-écran, change toutes les heures. Une innovation plus performante que l’envoi d’un code de validation par SMS pour sécuriser les paiements en ligne. Mais l’avenir, c’est la carte biométrique, avec mini-capteur d’empreinte digitale, qui permet de payer sans contact et sans plafond par simple apposition du doigt. « Aucun élément lié à cette empreinte n’est transmis au commerçant ou à la banque », souligne la Société Générale, qui teste le dispositif, en réponse aux craintes sur la protection de la vie privée. L’usage des données personnelles pourrait compliquer l’adoption à la fois de la carte biométrique et des plateformes de paiement. En effet, les données liées aux transactions ont beaucoup plus de valeur que celles qui sont issues des profils d’utilisateurs et ces derniers pourraient s’avérer réticents à les partager.
Un ultime chambardement est en cours depuis fin 2018 en Europe : le paiement instantané. Il s’agit de la possibilité de faire un virement bancaire en temps réel entre particuliers, entre entreprises, entre les deux et vers une administration, en renseignant seulement le numéro de téléphone de la personne à créditer. L’opération, qui prend aujourd’hui un à deux jours, est validée en 10 secondes parce qu’elle emprunte un canal mis en place par la Banque centrale européenne (BCE) et non le réseau des cartes bancaires. La technologie à l’œuvre – utiliser des jetons informatiques jetables (token) pour lier le numéro à des coordonnées bancaires – garantit la fiabilité des opérations. Le début d’une nouvelle ère.