La crise de 2008 a révélé les fragilités de ce modèle, dont l’Amérique était la quintessence. À l’heure où le président Biden cherche à réinventer une politique économique, il n’est pas indifférent que ce soit à l’université de Chicago qu’apparaisse une nouvelle pensée de ce qu’a été le capitalisme et de ce qu’il pourrait devenir.
À lire Tout comprendre aux plans Biden en cinq questions
Ce qu’il a été, Jonathan Levy en dresse une histoire saisissante, des années 1660 à aujourd’hui. Son fil directeur est de se confronter à la « centralité du capital ». Celui-ci n’est pas un simple facteur de production.
Et le geste fondateur, celui qui pour le meilleur et pour le pire détermine tout le reste, c’est l’investissement, ce pari à demi-rationnel sur la valeur future d’un morceau de papier : « C’est l’investissement – pas l’échange, ni la production, ni la consommation – qui est le premier moteur de l’économie capitaliste. »
L’auteur suit les métamorphoses de l’investisseur, du marchand au grand capitaliste à la Rockefeller, son arraisonnement avec le New Deal, puis sa libération avec les « reaganomics ». Cet acteur collectif qui façonne l’économie ne se laisse réduire ni au calcul rationnel, ni à la cupidité.
Mais il est animé par une dialectique sans fin : « Toute l’histoire du capitalisme se laisse saisir comme un conflit entre la propension de court-terme à accumuler et celle à investir sur le long terme. Ce conflit est la clé qui explique la dynamique du capitalisme au cours du temps. » Jonathan Levy pose ainsi la question centrale de la présidence Joe Biden : l’Amérique saura-t-elle réapprendre à investir ?
Ages of American Capitalism: A History Of The United States, Jonathan Levy, Random House, avril 2021, 944 p., 40 $.

À la recherche de la confiance perdue
À quoi pense un banquier central ? À la question, centrale justement, de la confiance, répond le gouverneur de la Banque de France. Après tout, le cœur de son mandat consiste à faire en sorte que les agents économiques éprouvent une confiance raisonnable dans l’avenir.
Banque de France
La Banque de France est la banque centrale de la France. Il s’agit d’une institution vieille de deux siècles. Elle est liée à la Banque centrale européenne et fait partie du Système européen de banques centrales, depuis le 1er janvier 1998. C’est un service public.
Or, au pessimisme bien connu des Français s’ajoutent, depuis 2008, des crises en cascade. La pandémie ne fait que rendre plus urgente une priorité déjà ancienne : renforcer les « piliers » de la confiance. La monnaie n’est pas le plus fragile d’entre eux.
Retrouver confiance en l’économie, François Villeroy de Galhau, Odile Jacob, février 2021. 224 p., 21,90 €.

La concurrence est-elle un bien commun ?
C’est une véritable institution de notre monde à ses différentes échelles : les marchés mondialisés, l’Union européenne axée sur une « concurrence libre et non faussée », la France dotée d’une Autorité de la concurrence dont l’auteur est le vice-président.
Mais cette notion ne va pas de soi. Entreprises et salariés craignent ses effets, l’imposer de force conduit parfois à des erreurs. Dans le même temps, des monopoles se reconstituent sous nos yeux. Cet ouvrage informé fait le point sur les débats, dans une perspective à la fois micro et macroéconomique.
La Concurrence, Emmanuel Combe, PUF, mai 2021, 202 p., 12,50 €.

Le cinéma en pleine révolution industrielle
Le septième art n’est pas qu’un art, justement : André Malraux appelait à y reconnaître une industrie. Or, celle-ci est aujourd’hui travaillée par l’innovation technologique. Les modes de production et les métiers changent lentement.
Mais la distribution connaît des évolutions spectaculaires : nouveaux acteurs (de Netflix aux Gafam), nouveaux modes de consommation (VOD, abonnements illimités), nouveaux modèles économiques. Un excellent cas d’école pour observer d’un « éco-œil » les effets de la révolution numérique.
Économie du cinéma, Philippe Chantepie et Thomas Paris, La Découverte, coll. « Repères », mars 2021. 128 p., 10 €.