Les gouvernements ayant à leur tête des dirigeants « populistes » ont-ils de plus mauvais résultats économiques que les autres ? Pour le savoir, une équipe d’universitaires allemands a mené une gigantesque analyse historique débutant en 1900 et se terminant en 2018 (donc sur près de 120 ans !).
Selon la définition la plus courante utilisée en science politique, un dirigeant est catalogué comme « populiste » dès lors qu’il justifie son action par la défense du « peuple » contre les « élites ».
À lire ENA, Sciences Po, prépa : toujours aussi peu de diversité
Pour un dirigeant de ce type, la société est toujours découpée selon ces deux groupes supposés a priori homogènes et antagonistes. Les auteurs ont décortiqué plus de 20 000 pages de littérature scientifique couvrant 60 pays différents représentant 95 % du PIB mondial et ayant vu défiler à leur tête environ 1 500 présidents, Premiers ministres ou équivalents.
Au terme de ce travail, ils ont pu identifier 50 dirigeants qui correspondent sans ambiguïté à la définition du leader populiste.
Les gouvernements ayant à leur tête des dirigeants « populistes » ont-ils de plus mauvais résultats économiques que les autres ? Pour le savoir, une équipe d’universitaires allemands a mené une gigantesque analyse historique débutant en 1900 et se terminant en 2018 (donc sur près de 120 ans !).
Selon la définition la plus courante utilisée en science politique, un dirigeant est catalogué comme « populiste » dès lors qu’il justifie son action par la défense du « peuple » contre les « élites ».
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Pour un dirigeant de ce type, la société est toujours découpée selon ces deux groupes supposés a priori homogènes et antagonistes. Les auteurs ont décortiqué plus de 20 000 pages de littérature scientifique couvrant 60 pays différents représentant 95 % du PIB mondial et ayant vu défiler à leur tête environ 1 500 présidents, Premiers ministres ou équivalents.
Au terme de ce travail, ils ont pu identifier 50 dirigeants qui correspondent sans ambiguïté à la définition du leader populiste.
Un premier enseignement de cette vaste fresque : le populisme a connu des phases d’expansion et des phases de repli. Cependant, depuis 1980, la proportion des gouvernements populistes augmente à peu près régulièrement au point qu’en 2018, plus de 25 % des pays de l’échantillon possèdent un gouvernement de ce type.
C’est un taux jamais atteint. Même pendant la Grande Dépression des années 1930, la proportion de gouvernements populistes ne dépassait pas les 15 %. L’étude constate aussi que le populisme est un phénomène récurrent : lorsqu’un pays a connu un épisode de gouvernement populiste, il a de fortes chances d’en connaître d’autres.
Ils sont 27 pays (sur 60) dans ce cas et, parmi ces 27, la moitié passe allégrement d’un populisme de « droite » à un populisme de « gauche » et vice versa.
Les grandes crises économiques des XXe et XXIe siècle : 1929
Le 29 octobre, la chute vertigineuse des titres sème la panique à Wall Street. En quelques heures, en quelques jours, des dizaines de milliers de détenteurs de titres et de spéculateurs perdent tous leurs avoirs. La Dépression touche le monde entier, laissant des millions de personnes sans travail.
Performance supposée
Mesurer les effets économiques de l’arrivée d’un gouvernement populiste dans un pays constitue un exercice particulièrement difficile car, en toute rigueur, il faudrait comparer les performances effectives de ce pays depuis cette arrivée avec ses performances supposées s’il n’avait pas connu ce type de gouvernement.
Dans cette logique, l’étude construit, pour chaque pays ayant expérimenté le populisme, un « sosie » non populiste qui correspond à un mélange pondéré des pays sans épisode populiste reproduisant le mieux la trajectoire du PIB du pays en question avant qu’il ne soit gouverné par des dirigeants populistes.

À l’aide de cette construction, il devient possible d’extrapoler la trajectoire du PIB du sosie à partir des trajectoires des PIB des pays non populistes composant ce sosie. L’écart entre les trajectoires du PIB d’un pays donné et de son sosie mesure le coût économique global du populisme. La figure 2 reproduit la différence moyenne de l’évolution du PIB entre un pays populiste et son sosie.
On voit que l’écart se creuse peu de temps après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement populiste. À long terme, le coût global s’avère très important : après 15 ans, en moyenne, un pays populiste affiche une perte de 15 points de PIB par rapport à son sosie.
Laxisme budgétaire
Les auteurs mettent en évidence d’autres effets. Dont celui-ci : comparés à leurs sosies, les pays ayant connu un épisode populiste ont une justice moins indépendante du pouvoir, une presse moins libre et un système électoral biaisé en faveur de l’exécutif en place.
Par ailleurs, il apparaît aussi que les dirigeants populistes quittent rarement le pouvoir de façon « régulière ». Ils sont souvent chassés par un coup d’État ou destitués à cause d’une corruption trop visible ou, plus simplement, ils meurent pendant leur mandat.
Cette érosion des institutions et des normes démocratiques explique en partie les effets économiques négatifs du populisme dans la mesure où il est désormais bien établi par de nombreuses contributions que les institutions démocratiques sont favorables à la croissance.
La présente étude complète ce résultat par plusieurs analyses statistiques montrant que deux caractéristiques habituelles des régimes populistes sont significativement liées aux écarts de croissance entre un pays et son sosie.
Il s’agit, d’une part, des politiques commerciales protectionnistes et, d’autre part, du laxisme budgétaire entraînant une hausse non soutenable de la dette publique. Au tribunal de l’Histoire, les recettes populistes ont plutôt fait la preuve de leur inefficacité.
Protectionnisme
Le protectionnisme est donc une manière de « protéger » (d’où son nom) ses propres producteurs, qu’il s’agisse d’agriculteurs, de viticulteurs, d’industriels… Il peut consister, pour un pays, à imposer des droits de douane - des taxes (appelés « tariffs » en anglais, à ne pas confondre avec les prix) sur les produits importés afin que ceux-ci coûtent plus cher sur son marché intérieur.
En partenariat avec le Center for Economic Policy Research.