Economie

C'est quoi, l'effet Lake Wobegon ?

Ce biais cognitif pousse à surestimer ses capacités par rapport à ses pairs et ainsi sous-estimer ses défauts et points faibles.

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Illustration numérique d'un PDG fêtant ses résultats comme un champion de Formule 1

Illustration numérique d'un PDG fêtant ses résultats comme un champion de Formule 1

© Midjourney

Comment expliquer que dans les 120 sociétés cotées en Bourse1 (SBF120), un PDG gagne en moyenne 73 fois plus qu’un salarié moyen de son entreprise ? Ou qu’aux États-Unis, les dirigeants ont en moyenne perçu 254 fois plus que leurs salariés en 2021 ?

Une des raisons est connue sous le nom d’effet Lake Wobegon, d’après la ville natale fictive décrite dans les années 1980 par l’écrivain américain et animateur de radio Garrison Keillor. Dans cette ville, « toutes les femmes sont fortes, tous les hommes sont beaux et tous les enfants sont au-dessus de la moyenne ». Cet effet caractérise un biais cognitif qui consiste à surestimer ses capacités par rapport aux autres.

Aucune entreprise ne souhaite avoir un dirigeant en dessous de la moyenne. Un PDG de DuPont de Nemours déclarait, dans les années 2000 : « La principale raison pour laquelle la rémunération augmente chaque année est que la plupart des conseils d’administration veulent que leur PDG soit dans la moitié supérieure du groupe de ses pairs, car ils pensent que cela donne à l’entreprise une apparence de force. »

Lire aussi > Débat. Les salaires des PDG sont-ils justifiés ?

Question de vanité

Dans un contexte d’asymétrie d’information sur les capacités managériales des dirigeants, la publication des rémunérations des grands patrons des grandes entreprises, a priori destinée à mieux les contenir, fournit en réalité une grille de comparaison. Une rémunération forte est le plus souvent associée à de plus grandes compétences et performances, elle devient alors un enjeu.

Cela permet d’influencer positivement les investisseurs et les marchés, mais cela conduit aussi, paradoxalement, à gonfler leurs rémunérations. Un conseil d’administration ne peut payer moins bien son PDG sans prendre le risque de remettre en cause la confiance en ses talents et sa stratégie de développement économique, sans parler de la valeur boursière de l’entreprise.

Cette vanité est très répandue, beaucoup de personnes – automobilistes, étudiants, professeurs, sportifs… –, s’estiment en effet au-dessus de la moyenne et sous-estiment leurs défauts et leurs points faibles.

Sources

1. Rapport du cabinet Proxinvest, 2019

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