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Chronique - De l’art d’éviter la révolte fiscale, par Jean-Marc Daniel
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Chronique - De l’art d’éviter la révolte fiscale, par Jean-Marc Daniel
Sélection abonnésLa révolte fiscale existe depuis bien longtemps, avec le travail et sa prédation. Aujourd'hui, la population redécouvre cette révolte fiscale. Quel rôle l'Etat peut-il prendre dans cette situation ?
Jean-Marc Daniel, économiste, professeur émérite à l'ESCP Business school
© Herve RONNE/REA
En 60 ans – de 1960 à 2020 –, le taux de prélèvements obligatoires est passé en France de 30,3 % à 44,5 %, ayant culminé à 45,1 % en 2017. Cette année-là marque la fin du quinquennat de François Hollande pendant lequel la révolte des « bonnets rouges » avait réactualisé les révoltes fiscales du XVIIe siècle.
L’Histoire montre que la vie économique s’est largement structurée autour de l’opposition entre le travail et sa prédation par des aristocraties, des clergés ou des bureaucraties, prédation à l’origine des révoltes fiscales.
C’est ce que constate, en 1837, Adolphe Blanqui, un disciple de Jean-Baptiste Say, dans son Histoire de l’économie politique en Europe depuis les Anciens jusqu’à nos jours : « Dans toutes les révolutions, il n’y a jamais eu que deux partis en présence : celui des gens qui veulent vivre de leur travail ; celui des gens qui veulent vivre du travail d’autrui. »
Depuis le XVIIIe siècle, la science économique a pour fondement l’analyse de la croissance comme moyen, notamment, d’accroître la base taxable. L’un des premiers économistes, le Français François Quesnay, déclare : « Pauvres paysans, pauvre royaume ; pauvre royaume, pauvre roi. » Ce qui signifie que le roi n’est riche que du travail de ses sujets.