Pourquoi lui ?
Yann Coatanlem est économiste, président de DataCore Innovations. Il est également co-auteur, avec Antonio de Lecea, du Capitalisme contre les inégalités (PUF).
Il est de plus en plus considéré comme au service exclusif d’une élite égoïste et irresponsable. À tel point que certains programmes politiques n’hésitent pas à remettre le capitalisme en cause.
Les dérives économiques et sociales sont indéniables, mais l’abandon du capitalisme conduirait inévitablement à un appauvrissement généralisé et à un gâchis de ressources.
Malheureusement, les plus défavorisés seraient, comme toujours, les plus exposés à ce cataclysme.
La véritable solution est une réforme de fond du capitalisme, qui seule peut réconcilier les Français avec ses principes de base : libre entreprise, mutualisation des risques, richesse d’information des marchés. Il est prouvé qu’un capitalisme plus équitable conduirait à plus de prospérité, pas moins.
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Pourquoi lui ?
Yann Coatanlem est économiste, président de DataCore Innovations. Il est également co-auteur, avec Antonio de Lecea, du Capitalisme contre les inégalités (PUF).
Il est de plus en plus considéré comme au service exclusif d’une élite égoïste et irresponsable. À tel point que certains programmes politiques n’hésitent pas à remettre le capitalisme en cause.
Les dérives économiques et sociales sont indéniables, mais l’abandon du capitalisme conduirait inévitablement à un appauvrissement généralisé et à un gâchis de ressources.
Malheureusement, les plus défavorisés seraient, comme toujours, les plus exposés à ce cataclysme.
La véritable solution est une réforme de fond du capitalisme, qui seule peut réconcilier les Français avec ses principes de base : libre entreprise, mutualisation des risques, richesse d’information des marchés. Il est prouvé qu’un capitalisme plus équitable conduirait à plus de prospérité, pas moins.
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C’est la condition pour des politiques sociales plus généreuses, avec notamment l’introduction d’un bouclier anti-crise comme le revenu universel.
Plus d’équité, c’est d’abord une plus grande égalité des chances, pour les individus comme pour les entreprises. Pour y arriver, il faut absolument que les gouvernements se dotent d’outils plus performants pour mieux comprendre le retour sur investissement des politiques publiques, à parité avec le secteur privé.
Malheureusement, aujourd’hui, ce type d’analyse fait défaut. Un exemple frappant : les programmes en faveur de la petite enfance. Les travaux académiques sont nombreux, mais ne sont pas exploités par les pouvoirs publics.
Résultat, des années plus tard, le niveau d’entrée en classe de sixième témoigne d’un décrochage quasi irréversible des plus défavorisés, handicapés par ailleurs par la perte de mobilité sociale, qui rend de plus en plus illusoire un quelconque rattrapage.
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Pour parvenir à plus d’équité sociale, les gouvernements doivent se dotent d’outils plus performants pour mieux comprendre le retour sur investissement des politiques publiques, à parité avec le secteur privé
Yann CoatanlemÉconomiste, président de DataCore Innovations.
Ce que l’État doit aux individus, il le doit aussi aux entreprises. Trop de rentes excessives d’un petit nombre de grands groupes (concentrant profits, exportations, brevets) pénalisent leurs compétiteurs (et largement aussi les employés de ceux-ci, dont les salaires décrochent) ainsi que le consommateur, qui doit payer plus cher : devant cette situation, nous n’avons pas hésité à parler de véritable « impôt privé ».
On attend aussi les gouvernements sur l’élimination des externalités qui portent préjudice aux générations futures dans le cas du changement climatique, mais aussi aux travailleurs non spécialisés dans les situations de « dumping social ».
Dumping social (Moins-disance sociale)
Mise en concurrence par un État ou des entreprises, dans le cadre de la mondialisation économique, de travailleurs des pays développés avec la main-d'œuvre moins chère des pays en développement. Concrètement, il s'agit de pratiques consistant à contourner ou à dégrader, de façon plus ou moins délibérée, le droit social en vigueur – qu’il soit national, communautaire ou international – afin d’en tirer un avantage économique, notamment en termes de compétitivité.
Une autre condition d’un capitalisme plus juste, c’est que les plus modestes aient accès à une part plus grande des profits des entreprises. L’intéressement des employés est utile, mais les montants concernés sont trop faibles.
En fait, toutes les personnes, même les plus défavorisées, disposent d’un capital virtuel bien plus conséquent : leur capital retraite. Il est plus qu’urgent de rediriger une partie des systèmes de retraite vers un volet de capitalisation, par exemple sur le modèle des Pays-Bas.
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Retraite par capitalisation
Système où les actifs épargnent pour leur propre future retraite, dans un cadre individuel ou collectif. Les cotisations sont investies sur le marché financier ou immobilier. Le niveau des pensions dépend des placements à long terme, et donc des taux d’intérêt.
C’est cela la vraie participation : permettre à tout travailleur de profiter des fruits de l’économie du pays sur des montants suffisamment élevés pour pouvoir changer sa vie de manière significative. Seules les retraites peuvent aujourd’hui jouer ce rôle.