Les « Lombards » (terme générique pour désigner les banquiers, à la fin du Moyen-Âge) ouvrent les premiers comptes courants.
Rapidement émergent des banques familiales très puissantes qui financent les princes, comme les Fugger d’Augsbourg ou les Médicis, à Florence, qui ouvrent des succursales dans les grandes villes commerçantes européennes.
Elles innovent en inventant, par exemple, le billet de banque : apparus en Chine vers l’an mil, les premiers billets ne sont émis en Europe qu’en 1661 par Palmstruch, fondateur de la Stockholm Banco, ancêtre de la banque centrale de Suède. Ce ne sont plus de simples certificats de dépôt, mais de la monnaie fiduciaire, parce que le volume émis dépasse l’encaisse métallique de la banque émettrice. Avec un risque de surémission, entraînant parfois des faillites retentissantes comme la banqueroute de Law, en 1720.
À la fin du XVIIIe siècle, le financement de l’économie est encore assuré par des établissements locaux de petite taille, comme ceux de la Country Bank anglaise, alors que le financement des États est assuré par la Haute Banque, souvent protestante ou juive, comme celle des Mallet, originaires de Rouen, des Vernes, à Genève ou des Rothschild, dont la branche anglaise finance la participation britannique dans le canal de Suez.
À chaque activité sa banque
C’est avec l’industrialisation que les banques font leur révolution. En Angleterre, au cours du XIXe siècle, avec la mise en place d’un système bancaire très spécialisé : d’abord des banques de dépôt, spécialisées dans les affaires à court terme, celles que l’on appelle les big five (National & Provincial, Westminster, Midland, Lloyd’s et Barclays), ensuite des établissements d’escompte comme Roger Cunliffe Son Co, également des accepting houses (localisées dans Lombard Street), spécialisées dans l’aval des traites, et enfin de grandes banques d’affaires comme Lazard ou Rothschild, qui financent les activités commerciales à l’échelle mondiale et la construction des chemins de fer.
En France, le modèle tend initialement vers la banque universelle, mais les faillites du Crédit Mobilier des frères Pereire, en 1867 et celle de l’Union Générale, en 1882, poussent à la séparation et à la spécialisation, dans le sillage de la doctrine Germain. Fondateur du Crédit Lyonnais en 1863, celui-ci affirme : « Les banques doivent avoir les ressources de leurs emplois et les emplois de leurs ressources. » On distingue donc banques de dépôt (Crédit Lyonnais, Société Générale) et banques d’affaires qui se consacrent au long terme et aux grandes participations industrielles.
En Allemagne dominent en revanche les banques universelles qui financent l’industrie, les Vier D : Deutsche Bank, Dresdner Bank, Darmstädter und Nationalbank et Disconto-Gesellschaft. Le système américain, lui, est morcelé entre petites banques locales sans réseau et établissements géants comme J.P. Morgan, laissant ainsi le champ libre à la finance anglaise et par conséquent à la livre, devenue monnaie mondiale.
Prêteur en dernier ressort
L’histoire bancaire étant jalonnée de faillites spectaculaires, afin de sécuriser le système, Walter Bagehot invente, en 1873, le concept de prêteur en dernier ressort, celui qui est chargé de secourir les établissements menacés par le risque d’illiquidité. Cette fonction est assurée par la banque centrale. À la fin du XIXe siècle, les banques désirant se refinancer doivent le faire auprès de la banque centrale aux conditions de celle-ci. Le taux directeur de la banque centrale devient ainsi le taux de base du crédit bancaire.