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Idées

Comment le populisme prospère sur l’anéantissement de l’esprit critique

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Sur la base d’une rationalité fragile et d’un rejet de toute dissonance, les adhérents développent des raisons de croire au projet populiste, au service illusoire de leur devenir.

Thierry Tirbois, professeur agrégé de sociologie à Sorbonne Université
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© MADDIE MCGARVEY/NYT-REDUX-REA

Le populisme est d’une redoutable actualité avec l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en Suède et en Italie, un possible retour de Trump aux États-Unis, la tentation d’une révolution d’extrême gauche en Europe. À l’origine, le populisme désigne le mouvement russe des années 1860 qui voulait unifier la paysannerie et toutes les strates du peuple contre le tsarisme. Le mot s’est imposé fin XIXe- début XXe. Le phénomène politique, lui, est plus ancien.

Des démagogues de l’Antiquité aux partis radicaux contemporains qui préemptent le « Peuple ». L’étude des populismes intéresse la sociologie du politique, en charge de la cohésion sociale, et la sociologie générale, puisque cette doctrine propose toujours une vision de la société et de sa population.

Les fondateurs de la sociologie (Durkheim, Weber) reconnaissaient en la démocratie le régime politique le plus souhaitable ou rationnel, ils se méfiaient des démagogues. Weber, dans sa théorie de la domination, met au jour le charisme du chef (homme ou femme) que la population voit paré de qualités extraordinaires, hors du commun des mortels, possible sauveur d’une société dans la tempête ou le déclin.