Comment le syndicalisme français a surgi de la révolution industrielle
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Comment le syndicalisme français a surgi de la révolution industrielle

Gérard Pehaut, agrégé d’histoire, professeur de chaire supérieure
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L’union-désunion syndicale s’affichait à nouveau en début d’année 2023 sur la réforme des retraites. Ces divergences remontent à la Première Guerre mondiale, voire au développement de l’industrie manufacturière à la fin du XVIIIe siècle, avec ses fortes concentrations de population et sa misère urbaine.

Avec la révolution industrielle, l’organisation des sociétés et du monde du travail est totalement bouleversée. Le modèle d’organisation des métiers jusque-là dominant, celui des corporations, ne répond plus à l’affirmation d’un modèle capitaliste et libéral qui combine séparation du travail et du capital et mécanisation progressive. Le libéralisme économique s’affirme à la fin du XVIIIe siècle et conduit à la suppression progressive des corps intermédiaires et à l’interdiction de toute organisation s’interposant entre l’individu et la puissance publique : c’est le sens de la loi le Chapelier et du décret d’Allarde, en 1791, ou des Combinations Acts de 1799 au Royaume-Uni.

À cette volonté d’imposer une individualisation de la relation entre le travailleur et son patron, portée par des pouvoirs publics et un patronat méfiants à l’égard d’une classe laborieuse qu’ils voient comme dangereuse, s’oppose très vite une aspiration à créer des structures collectives. Les crises plongent les ouvriers sans ressources dans le dénuement, nourrissant violence et délinquance. Si le monde ouvrier est très divers, associant travailleurs très qualifiés et ruraux déracinés, les fortes concentrations de population et la misère urbaine qui accompagnent le développement de l’industrie manufacturière constituent un terreau favorable à l’émergence des organisations.