En 2022, le nombre de transactions immobilières a diminué de 6,5 %, selon la Fédération nationale de l’immobilier. La remontée des taux d’intérêt combinée à une inflation galopante a limité les marges d’endettement des ménages, notamment pour les plus modestes.
À l’inverse, ceux qui sont déjà propriétaires voient leur patrimoine augmenter, ce qui n’est pas sans risque pour l’accroissement des inégalités face aux coûts du logement. Mais au fait, l’augmentation des inégalités de logement ne risque-t-elle pas d’en aggraver d’autres ? Est-ce que les inégalités s’accumulent ?
Pour Alain Bihr et Roland Pfefferkorn (2008) 1, il faut analyser les inégalités comme un système. Celles-ci sont multiformes : elles peuvent être économiques (revenus, patrimoine), sociales (travail, mode de vie, de santé), mais aussi de savoir (scolaire, culturelle).
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Toutes ces inégalités se renforcent et s’entretiennent mutuellement, si bien qu’on pourrait avoir le sentiment qu’elles ont toutes une origine unique, en clair, que le niveau de revenu explique la majeure partie des inégalités.
Des inégalités économiques
Pour les inégalités de logement, il est assez aisé de saisir qu’elles sont la conséquence directe d’inégalités économiques. En effet, le revenu est un facteur déterminant dans l’accès à la propriété et dans la localisation du logement.
D’ailleurs, si les ménages français consacrent en moyenne 16 % de leur budget à leur logement, ce taux grimpe à 22 % pour les 20 % les plus modestes et constitue pour ceux-ci le premier poste de dépense (2017).
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Mais les inégalités de logement elles-mêmes influent sur d’autres types d’inégalités sociales, souvent en les aggravant. Prenons le lieu d’habitation. Vivre en ville, à la campagne ou dans un quartier prioritaire a des conséquences marquantes. Du lieu d’habitation va dépendre l’accès aux différents services et équipements publics, aux activités sportives et culturelles, aux soins, inégalement répartis sur le territoire.
Carte scolaire et chambre à soi
Habiter sur un territoire sous-doté en médecins généralistes risque de restreindre l’accès aux soins. Par ailleurs, du fait de la carte scolaire et de l’importance de disposer d’une chambre à soi, le lieu d’habitation aura un impact fort sur la réussite scolaire des enfants.
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Mais ce n’est pas tout : les inégalités sociales alimentent à leur tour les inégalités économiques. Rencontrer des difficultés à se loger, être peu mobile géographiquement a des conséquences non négligeables sur l’accès à l’emploi ou à une formation et donc sur les revenus et sur le niveau de patrimoine.
Autrement dit, une inégalité en entraîne généralement une autre, ce qui inscrit les individus, en fonction de leur lieu de résidence, soit dans un cercle vicieux, soit dans un cercle vertueux.
1. Dans leur ouvrage Le Système des inégalités, éd. la Découverte.