Sociologie

Dans les sociétés humaines, le crime est-il « normal » ?

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Pour Émile Durkheim, le crime est certes répugnant, mais il est nécessaire à la « santé mentale » d’une société dans la mesure où transgresser la règle choque la conscience commune et permet de réaffirmer la nécessité de la loi.

Thierry Tirbois, professeur agrégé de sociologie à Sorbonne Université
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Illustration de l'article Dans les sociétés humaines, le crime est-il « normal » ?

© Getty Images

Émile Durkheim (1858-1917), fondateur de la première école française de sociologie, constate simplement qu’il n’existe aucune société qui, dans certaines proportions, ne connaît pas ce phénomène social qu’est le crime. C’est un invariant des sociétés humaines que l’existence de la délinquance. Ce qui varie, bien sûr, selon les lieux et les époques, ce sont les taux de criminalité et la définition même des crimes et délits. Par exemple, il n’existe pas de délit de blasphème en France, mais celui d’incitation à la haine raciale pour le dénigrement d’autrui en fonction de son origine.

Durkheim ajoute que le crime, pourtant répugnant aux yeux de la majorité des individus, est nécessaire à la « santé mentale » d’une société, dans la mesure où la violation de la règle choque la conscience commune et la raffermit. D’une part, la transgression de la norme légale et sociale que constitue un crime permet de rappeler la nécessité de la loi pour la cohésion sociale. D’autre part, la punition du crime vient montrer la sanction qui attend toute déviance. Cela produit un effet dissuasif qui renforce aussi la conscience collective. On pense notamment à l’affaire criminelle récente de la collégienne Lola, disparue puis retrouvée morte, dans le 19e arrondissement de Paris.

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