Sociologie

De Pierre Bourdieu à Annie Ernaux. Dans le « champ » social, l’individu est à l’étroit

Sélection abonnés

Le « champ » de Bourdieu apparaît surtout comme un artefact macrosociologique associé à une conception où les individus sont considérés tantôt comme des marionnettes sociales, tantôt comme des stratèges mus par la seule recherche du profit.

Manuel Quinon
,
Illustration de l'article De Pierre Bourdieu à Annie Ernaux. Dans le « champ » social, l’individu est à l’étroit

© Bruno ARBESU/REA

Il y a quelques semaines, Annie Ernaux recevait le prix Nobel de littérature. Elle avait pourtant affirmé auparavant se « sentir un peu illégitime dans le champ littéraire ». À quoi correspond donc cette notion de « champ » – développée en sociologie – et quelles en sont les limites ?

Il n’est peut-être pas anodin qu’Annie Ernaux, grande lectrice du sociologue Pierre Bourdieu (1930-2002), ait utilisé l’expression « champ littéraire ». En effet, la notion de champ social constitue un concept clé de Bourdieu, qui ne peut être séparé d’autres concepts majeurs qu’il a théorisés (« habitus », « capital symbolique », « violence symbolique ») et qui s’insère dans sa théorie générale de la stratification sociale.

Lire aussi > Pierre Bourdieu et l'habitus de classe

Éco-mots

Habitus de classe

Pierre Bourdieu (1930-2002), sociologue holiste, considère que la société « forme » l’individu grâce à la socialisation. Il développe la notion d’habitus qui fait le lien entre l’individu et la société. Les comportements des groupes sociaux s’expliquent simplement par l’origine sociale, c’est-à-dire par l’environnement structuré en trois types de capital : économique (les revenus et le patrimoine), culturel (les savoirs, y compris ceux formalisés par les diplômes, les savoir-faire, les pratiques, les goûts…) et social (les réseaux de connaissances et de relations de la famille).

  1. Accueil
  2. Idées
  3. Sociologie
  4. De Pierre Bourdieu à Annie Ernaux. Dans le « champ » social, l’individu est à l’étroit